SANTELe CHU de Toulouse a-t-il tardé à traiter son problème d'amiante?

Toulouse: Le CHU de Toulouse a-t-il tardé à prendre en compte les risques liés à l'amiante dans ses bâtiments?

SANTEUn rapport d’experts estime que le CHU de Toulouse, qui n’échappe pas à la présence d’amiante dans son vénérable patrimoine, a tardé à mettre en place des actions concrètes…
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Une trentaine des 110 bâtiments du CHU de Toulouse, les plus anciens, contient de l’amiante.
  • Un rapport d’experts commandé par le CHSCT estime que l’établissement a pris du retard pour traiter cette problématique.
  • Il stipule aussi qu’un tournant positif a été pris en 2014.

Quand on possède 110 bâtiments, certains séculaires, répartis sur six sites, il est illusoire de penser échapper à la problématique de l’amiante. Le CHU de Toulouse est donc concerné pour la plupart de ses locaux construits avant 1997, soit une trentaine.

Et comme il y a eu au moins un cas avéré de maladie professionnelle dû à ce matériau, le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a missionné en février 2017 un cabinet d’expertise pour évaluer le dispositif. L’étude a fait l’objet d’une bataille judiciaire entre la direction et les syndicats. Mais le rapport, évoqué ce mercredi par Le Canard enchaîné, a été dévoilé le 19 septembre dernier.

Certains travaux ont pris 17 ans

Le rapport, que 20 Minutes s’est procuré, s’appuie sur l’analyse de six bâtiments de construction ancienne et sur les différentes réglementations édictées d’abord en 1996 puis surtout en 2001. Et il conclut que « le CHU de Toulouse a, dès le départ, accumulé du retard dans la mise en œuvre de ses obligations légales ». Par exemple, le suivi médical des salariés (et des retraités ou sous-traitants) n’a été mis en place qu’en 2017, « avec 5 ans de retard sur l’obligation légale ».

Les experts citent aussi les cas « saillants » des faux plafonds amiantés des services techniques de Purpan ou des tuyaux endommagés du « couloir des syndicats » (où logent ces derniers) sur le site de L’Hôtel-Dieu. Deux soucis repérés en 2000 et finalement vraiment réglés… dix-sept ans plus tard.

Les spécialistes tempèrent la sévérité de leur rapport en concédant que le CHU de Toulouse, avec son « décalage » à l’allumage, ne déroge pas « au scénario » classique « de l’histoire de l’amiante comme enjeu de santé publique ». Ils admettent qu’en la matière un « tournant » a eu lieu au CHU en 2014.

Mieux vaut tard que jamais

C’est ce « mieux vaut tard que jamais » que le CHU retient du rapport. « Le CHU traite la problématique depuis de nombreuses années avec constance, professionnalisme et méthode », souligne la direction. Elle insiste notamment sur le fait qu’un plan pluriannuel de désamiantage est engagé pour 9 millions d’euros, et sur l’embauche d’un nouveau technicien chargé de l’amiante. Par ailleurs, précise-t-elle, « les trois-quarts des bâtiments où se déroule l’activité médicale ont été construits après 1997 ».

Evidemment, la CGT est beaucoup plus sévère. « Le rapport prouve surtout qu’on a pris 17 ans voire 20 ans de retard sur le sujet au détriment de la sécurité des agents qui comme toujours passent en dernier en raison de la moulinette des restrictions budgétaires. C’est scandaleux », réagit Julien Terrié, le secrétaire du CHSCT. Son syndicat est prêt à soutenir les agents victimes de l’amiante qui entreprendraient des démarches en justice. Et il demande le désamiantage total du CHU.