La culture en mouvement
Elle chantonne des airs d'opéra, aime Cabrel et le jazz. Sous ses airs de vamp, Nicole Belloubet, 52 ans, est surtout une mère qui s'inquiète de ne plus pouvoir aller chercher son fils de 11 ans au collège. Depuis un mois, la nouvelle adjointe à la C...Aline Royer- ©2008 20 minutes
Elle chantonne des airs d'opéra, aime Cabrel et le jazz. Sous ses airs de vamp, Nicole Belloubet, 52 ans, est surtout une mère qui s'inquiète de ne plus pouvoir aller chercher son fils de 11 ans au collège. Depuis un mois, la nouvelle adjointe à la Culture travaille de 8 h à minuit, jetant parfois un coup d'oeil nostalgique au sable rapporté de Tahiti l'été dernier où elle était avec ses trois enfants. « C'est exaltant, mais le travail est colossal. Six ans, c'est court pour faire bouger les choses. »
Issue d'une famille modeste de l'Aveyron, elle a grandi à Paris, dans le petit hôtel tenu par sa mère. De Mai 68, elle garde le souvenir d'un père angoissé à l'idée de perdre son travail. Son engagement politique viendra plus tard, sur les bancs de la Sorbonne. Elle se passionne pour Jaurès et le droit constitutionnel, décide de devenir professeur. Mais privée de bourse de thèse, et donc obligée de travailler, elle mettra quinze ans à y parvenir, tout en élevant ses deux premiers fils. Après la débâcle de la gauche aux municipales de 1983, elle adhère au PS.
Quatorze ans plus tard, elle devient « par hasard » rectrice d'académie à Limoges. « Le gouvernement Jospin cherchait à féminiser la haute fonction publique, j'étais là au bon moment. » Jack Lang la nomme à la tête de l'académie de Toulouse et ses 50 000 agents en 2000. Fait rarissime dans l'Education nationale, elle démissionne cinq ans après, « ne pouvant plus appliquer une politique que je n'approuvais pas ». Les chauffeurs des inspecteurs d'académie lui offrent un réveil en forme de volant qu'elle ne quitte plus. « Cela prouve que j'ai réussi à remettre un peu d'humanité dans les services. » Rancunier, le ministère lui refuse un poste d'enseignant à Toulouse. Mais elle s'est attachée à la Ville rose et en 2007, elle se voit candidate à la mairie. « Je pensais pouvoir apporter un regard neuf qui dépasse un peu les clivages. » Les militants lui préfèrent Pierre Cohen, qui la nomme première adjointe avec une mission : recréer du lien social par la culture. Sa première urgence : boucler avant l'été le dossier de Toulouse 2013 capitale européenne de la culture.