Toulouse: Comment un campus peuplé d'irréductibles étudiants résiste encore et toujours
UNIVERSITE•L’université Jean-Jaurès de Toulouse a été la première de France à être bloquée. Elle l’est toujours, malgré les vacances, et son administrateur n’a pas l’intention de faire appel aux forces de l’ordre…Hélène Ménal
L'essentiel
- L’université Jean-Jaurès de Toulouse est totalement bloquée depuis le 6 mars.
- Même pendant les vacances, plusieurs dizaines d’étudiants s’y relaient jour et nuit.
- Par pragmatisme, son administrateur écarte l’intervention des forces de l’ordre.
- Mais la justice va s’en mêler après un recours en déblocage du syndicat érudiant UNI.
Des petites pergolas bricolées avec des palettes pour une pause à l’écart, une caisse de grève pour le café, des roulements pour le ménage, quelques prises de bec concernant la vaisselle, des tags à profusion et partout, dans les coursives, des barricades de chaises et de tables.
L’Académie de Toulouse a beau être en vacances, les étudiants et personnel en colère (et quelques autres qui ne sont ni l’un ni l’autre selon la direction), n’ont pas pour autant déserté le campus de l' université Jean-Jaurès, au Mirail.
Six semaines de blocage
Comme souvent, ce fief de la contestation étudiante a été le premier à s’agiter contre « la sélection à l’université ». Le campus est totalement bloqué depuis le 8 mars et ce n’est pas le temps estival qui va endormir le mouvement. « On a déjà enjambé deux périodes de vacances, à chaque fois c’est reparti plus fort. Il n’y a aucune raison de lâcher », estime Anna (elle en rigole elle-même) de Solidaires étudiant-e-s qui espère que les lycéens embrayeront à la mi-mai quand les réponses sur leur avenir tomberont sur le site Parcoursup.
Deux bâtiments sont occupés : l’Arche à l’entrée du campus et l’accueil flambant neuf. Tous n’y dorment mais plusieurs dizaines d’occupants sont sur place en permanence. Sans le stress d’une intervention des forces de l’ordre. Car Richard Laganier, l’administrateur provisoire de l'université nommé par la ministre, n’a pas l’intention d’avoir recours à la force. Par pragmatisme, pas par adhésion.
La justice se prononcera jeudi
« La situation est très différente qu’à Tolbiac ou Montpellier. Nous avons 23 hectares et 12 bâtiments à protéger, il serait donc impossible de sécuriser un site débloqué », explique l’administrateur. Pour lui, qui se consacre à l’organisation des examens et exclut de moins en moins de les délocaliser, l’issue la plus raisonnable est « d’apporter massivement la contradiction à une minorité bloquante lors de l’AG qui doit avoir lieu lundi, jour de la rentrée ».
A moins que la justice ne lui force la main avant. Le syndicat étudiant UNI, classé à droite, a annoncé ce mardi qu’il a saisi le tribunal administratif de Toulouse pour faire débloquer le campus. L’audience doit avoir lieu jeudi matin.
Et si évacuation il y a, la contestation peut, elle aussi, être délocalisée. « Nous avons créé des convergences avec les cheminots, ils sont prêts à nous ouvrir leurs gares », assure Anna.