Meurtre de la joggeuse de Bouloc: Le suspect finalement renvoyé devant les assises
JUSTICE•Laurent Dejean, un ex-plaquiste, sera jugé aux assises pour le meurtre de Patricia Bouchon, la joggeuse de Bouloc…B. Colin et H. Ménal
L'essentiel
- Patricia Bouchon a été tuée le 14 février 2011 alors qu’elle faisait son jogging à Bouloc, près de Toulouse.
- Le principal suspect, Laurent Dejean, un plaquiste de 38 ans, comparaîtra devant les assises pour ce meurtre.
Voilà sept ans que Patricia Bouchon a été tuée alors qu’elle faisait son jogging habituel avant de se rendre au travail. Et, c’est maintenant une quasi-certitude, Laurent Dejean, un homme de 38 ans, sera jugé pour ce meurtre.
La chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Toulouse vient de débouter Laurent Dejean, qui avait fait appel de son renvoi devant les assises. Ce, malgré le non-lieu requis il y a un mois par l’avocat général.
Mis en examen et écroué pour « homicide volontaire » en février 2014, l’unique suspect, en prison depuis quatre ans, a toujours nié les faits.
« Nous sommes déçus, ont réagi ce jeudi matin Raphaël Darribère et Marwan Hatoum, deux des avocats de Laurent Dejean. Cela va être difficile pour lui, il va devoir se préparer à se battre. Nous avons des éléments capitaux pour sa défense dans tous les cas de figure. Nous aurons à cœur de les soutenir surtout au regard des réquisitions du procureur général ».
Du côté de la famille Bouchon, le soulagement est perceptible. « C’est la décision que nous attendions, celle qui s’imposait, indique Stéphane Julliard, son avocat. La famille avait besoin que le dossier passe devant les assises pour qu’il y ait un débat sur les zones d’ombre de ce dossier ».
Retour sur cette affaire hors-norme dont le dossier d’instruction fait 50.000 pages.
Le meurtre. En ce 14 février 2011, Patricia Bouchon, une mère de famille de 49 ans, est allée courir aux aurores, dans la campagne de Bouloc. Elle n’est jamais rentrée. C’est son mari qui a donné l’alerte. Les gendarmes ont d’abord retrouvé d’importantes quantités de sang, un chouchou et une boucle d’oreille lui appartenant sur un petit chemin de terre de la commune, située au nord de Toulouse.
Le corps, lui, n’a été découvert que 44 jours plus tard, à 12 km de là. Il était dissimulé dans une buse, sous un petit pont de la commune de Villematier. L’autopsie révélera qu’elle a été violemment frappée. Un gant en latex a été retrouvé dans sa bouche mais elle n’a probablement pas subi de violence sexuelle.
Le suspect. Laurent Dejean, 38 ans aujourd’hui, est un ex-plaquiste habitant dans les environs. Il est décrit comme « psychotique » par les enquêteurs et sujet à des explosions de violence. Il avait déjà été interrogé comme témoin au tout début de l’enquête, puis encore à deux reprises en 2012.
Les charges qui pèsent sur lui. Lors de la mise en examen de Laurent Dejean en février 2014, le procureur de la République de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau, a évoqué des « indices graves et concordants ». Parmi eux, la fameuse Clio de couleur claire. Elle a été aperçue sur les lieux de la disparition par un témoin. Et si Laurent Dejean nie en avoir possédé une, 24 témoins attestent qu’il circulait dans une voiture de ce type au moment des faits. Il y a ensuite une certaine ressemblance avec le portrait-robot établi et diffusé deux ans après le meurtre. Enfin, le trentenaire a tenu à plusieurs reprises des propos ambigus sur l’affaire. Il a demandé à être hospitalisé en psychiatrie peu après les faits.
Ce qui joue en sa faveur Il n’y a pas dans le dossier de preuve matérielle directe. Le seul ADN masculin retrouvé sur le corps de Patricia Bouchon n’est pas le sien. Et la fameuse Clio claire n’a jamais été retrouvée.