Toulouse: Un artiste invente le banc public où l’on peut faire graver ses mots d’amour
INSOLITE•S’offrir une dédicace gravée dans le mobilier urbain. Plus pérenne qu’un bouquet de fleurs et plus légale qu’un coup de canif, c’est l’idée lancée par l’artiste toulousain Kamel Secraoui, alias « Chat Maigre », qui a créé les bancs Naelou…Béatrice Colin
L'essentiel
- Pour 20 à 150 euros, il est possible de réserver une dédicace sur un banc public, plus durable qu’un simple mot d’amour envoyé par SMS.
- Trois communes ont pour l’instant un projet de banc Naelou porté par l’artiste toulousain Kamel Secraoui, alias « Chat Maigre ».
Pour « les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics », il y aura désormais un moyen de graver dans le fer leur façon de se dire « je t’aime ». L'artiste toulousain Kamel Secraoui, connu aussi sous le surnom de «Chat Maigre», a eu l’idée de créer un banc où les gens pourront laisser leur dédicace en toute légalité. Plus besoin de sortir son cutter pour graver « Maurice + Ginette » entouré d’un cœur et se faire dévisager par les passants. Ni de sortir sa bombe de graffeurs de dessous le manteau.
Après avoir décoré des radars avec des pixels ou des Lego®, habillé les ascenseurs du métro toulousain ou des poubelles de la Cinquième avenue à Manhattan, le designer s’est lancé dans un projet participatif.
« Aujourd’hui, on ne peut pas laisser de traces dans l’espace urbain sans que cela gêne quelqu’un. J’ai réfléchi à la façon de laisser des mots d’amour pérennes. Au départ, j’avais pensé à un totem avec des mots gravés, et puis j’ai pensé à la chanson de Brassens et je me suis dit pourquoi pas des bancs, c’est un support intéressant et cela a un côté utile », explique Kamel Secraoui.
Ainsi est né le concept. Pour le faire vivre, il faut réunir deux conditions : trouver à la fois des villes qui acceptent d’accueillir ces bancs Naelou et des gens qui puissent réserver sur Internet leur dédicace de 185 caractères maximum à un tarif très accessible allant de 20 à 150 euros.
« On ne peut pas mettre tout et n’importe quoi, ce doit être des messages autour de l’amour ou de l’amitié, il y aura un modérateur. Le but est de mettre des couleurs et de l’émotion dans l’espace public », explique l’artiste.
Cela peut être un mot d’une grand-mère pour l’anniversaire de sa petite-fille, d’un amoureux transi pour la Saint-Valentin… ça coûte moins cher qu’un bijou fantaisie et ça a l’avantage de durer et de ne pas se démoder.
Trois bancs déjà programmés
Pour l’instant, trois communes ont accepté d’accueillir sur leur domaine public ces œuvres uniques : Ramonville-Saint-Agne et Issus, en Haute-Garonne, ainsi que Vauvert dans le Gard. Des discussions sont en cours avec les villes de New York, Paris et Toulouse.
Une fois qu’il y aura assez de dédicaces réservées, le banc sera fabriqué par une entreprise de la Ville rose après avoir eu l’aval des « Bâtiments de France » pour le choix des couleurs. Entretenu, le banc peut alors rester en place une bonne dizaine d’années.
« Souvent quand un porteur de projet vient vous voir, derrière il y a une facture. Là, c’est un projet urbain, novateur et qui ne coûte rien à la collectivité. C’est aussi la possibilité pour la population de s’approprier l’espace public », explique Christophe Lubac, le maire de Ramonville qui devrait accueillir le premier banc public.
Mais un autre banc verra certainement le jour avant. Dessus, on pourra y lire les dédicaces d’artistes comme les Toulousains Bigflo & Oli, la chanteuse Catherine Ringer ou encore Gaëtan Roussel. Tous sont passés sur la scène du Bikini. Un objet unique qui sera vendu aux enchères et dont les bénéfices seront reversés au profit des enfants hospitalisés à l’hôpital Purpan.