Les avions empêchent-ils les Toulousains de dormir?
SOCIETE•Alors que le dossier Notre-Dame-des-Landes va connaître son épilogue, à Toulouse, où l’aéroport est en zone urbanisée, des riverains s’alarment de l’augmentation du bruit nocturne. Malgré les efforts de l’opérateur…Hélène Ménal
L'essentiel
- Près de 26 avions survolent Toulouse chaque nuit.
- A l’ouest de l’agglomération, un capteur montre que le niveau sonore a augmenté de 45 % en deux ans, au grand dam des riverains.
- L’aéroport assure faire des efforts, notamment sur le créneau minuit-6h mais le climat reste tendu.
Le problème des vols de nuit au-dessus de la Ville rose, où plus de 60.000 habitants sont exposés aux vrombissements des avions, est presque aussi vieux que le débat sur Notre-Dame-des-Landes. Ces derniers mois, 26 appareils en moyenne ont survolé l’agglomération toulousaine entre 22h et 6h du matin, selon les chiffres de l’Observatoire « Cœur de nuit » qui a réuni cette semaine les autorités, les riverains et les responsables de la plateforme.
Et Chantal Beer-Demander, la présidente du Collectif contre les nuisances aériennes (CCNAAT), en est sortie plutôt remontée. « Les relevés du capteur de la Cépière, celui qui mesure les décibels dans les quartiers les plus peuplés de Toulouse, montrent que le niveau de bruit a augmenté de 45 % en deux ans, souligne-t-elle. Nous avons enregistré 284 plaintes depuis le mois d’avril sur notre site Internet et certaines traduisent de vrais désespoirs. L’été, on ne peut tout simplement pas dormir les fenêtres ouvertes ».
Pistes préférentielles
Du côté de l’aéroport, on trouve que la riveraine a l’oreille sélective. « Il y a six capteurs en tout et les autres sont en légère baisse, notamment au nord, ou se maintiennent », fait remarquer Alain de la Meslière, le directeur des opérations de l’Aéroport Toulouse-Blagnac (ATB). « L’empreinte de bruit sur le capteur de la Cépière est liée à l’utilisation préférentielle de la piste n° 1 [la plus proche du centre-ville], explique le responsable. Nous nous sommes engagés à rétablir, en lien avec les aiguilleurs du ciel, une utilisation plus importante de la piste n° 2 ».
ATB souligne aussi que depuis 7 ans, les mouvements d’avions dans le créneau « sanctuarisé » minuit-6h ont « baissé de 40 % », passant de 2.700 par an à 1.570. « Rien n’impose à une compagnie aérienne de ne pas voler dans ce créneau, c’est notre action qui permet d’arriver à ce résultat », assure Alain de la Meslière. « Mais au cours de la dernière période, les mouvements ont augmenté de 24 % entre 22h et minuit, rétorque Chantal Beer-Demander. Or, une vraie nuit dure huit heures. On ne couche pas ses enfants à minuit »… Le débat n’est pas près de s’éteindre et pourrait être suivi attentivement du côté de Nantes.