Toulouse: Les milieux économiques plaident pour le métro à l'aéroport (et ils y croient encore)
TRANSPORTS•Les milieux économiques n’ont pas fait une croix sur la desserte de l’aéroport Toulouse-Blagnac en métro. S’en passer serait pour eux une erreur « irréversible »…Hélène Ménal
L'essentiel
- Les élus de Tisséo ont choisi de ne pas faire passer la 3e ligne de métro par l’aéroport.
- Cet arbitrage déplaît aux milieux économiques qui ne se privent pas pour le faire savoir.
- L’option aéroport coûterait 200 millions d’euros de plus pour un projet estimé pour l’instant à 2,2 milliards.
Pour eux, le voyage doit se faire « sans escale ». Après plusieurs mois de silence, les milieux économiques de Toulouse remettent sur le tapis la desserte directe de l’aéroport Toulouse-Blagnac par la troisième ligne de métro, alors que cette option a été écartée par les élus.
Mais Philippe Robardey, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse (CCIT), épaulé par l’ensemble des organisations patronales (Medef, CPME, Chambre de métiers), ne l’entend pas de cette oreille. « Ce serait un rendez-vous manqué car ce serait irréversible, estime-t-il. Toulouse est dans une compétition internationale et tous ces gens qui font du business, ils ne viennent pas en autobus ».
Au cœur du problème, il y a les 200 millions d'euros supplémentaires que coûterait l’option aéroport sur un projet déjà évalué à 2,2 milliards d’euros. Un « écart » qui pour les patrons vaut le coup d’être comblé alors que les taux d’intérêt sont historiquement bas et que l’infrastructure sera là « pour un siècle ».
« Il y a les vraies et fausses économies. Ce n’est pas parce qu’on investit un peu moins qu’à la fin on sera gagnant », plaide Pascal Bellocq, le vice-président de la Chambre de métiers pour qui « la situation des déplacements dans l’agglomération est à la limite du supportable ».
Pour appuyer leur demande, les chefs d’entreprise rappellent opportunément que par le biais du versement transport - une taxe - ils versent tous les ans quelque 240 millions d’euros à Tisséo, soit 57 % de ses ressources. Ils n’en sont pas encore à menacer mais entendent bien « convaincre » que le projet doit être plus ambitieux.
Le tram, « on le double en marchant »
Pour l’heure, Tisséo a opté pour une navette express en tram, reliée à la nouvelle ligne de métro. Au-delà de l’aspect financier, les experts estiment que traverser la zone aéroportuaire capterait bien plus de voyageurs (entre 35.000 et 40.000 salariés de l’aéronautique) que de « piquer » vers l'aéroport (10.000). Mais les patrons semblent carrément allergiques au tram. « On le double en marchant », souligne, sans rire, Philippe Robardey. Le bras de fer ne fait que commencer.