Toulouse: Pour des élus c'est (encore et toujours) non à la privatisation de l'aéroport
ECONOMIE•En avril, l'Etat aura la possibilité de vendre ses 10,01 % de parts de la société gestionnaire de l'aéroport de Toulouse et donner une majorité au privé. Des élus montent d'ores et déjà au créneau...Béatrice Colin
L'essentiel
- La société Casil Europe possède déjà 49,99 % des parts de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, racheté en avril 2015 à l’Etat.
- Le Conseil départemental demande aux trois autres actionnaires publics d’interpeller le gouvernement pour que la majorité ne tombe pas aux mains du privé.
Ils n’ont jamais caché leur opposition à une privatisation de l’aéroport de Toulouse-Blagnac et ont décidé de prendre les devants. Eux, ce sont des élus de collectivités locales, actionnaires minoritaires au sein d’ATB, la société gestionnaire de la plateforme.
A partir du 18 avril prochain, l’Etat a la possibilité de céder les 10,01 % de parts qu’il détient encore dans cette société et ils sont déjà sur les rangs pour que la puissance publique reste majoritaire. Avec à leur tête, le président PS du Conseil départemental Georges Méric, qui a envoyé un courrier à ses homologues de la Région, de Toulouse Métropole et de la Chambre de Commerce qui détiennent à eux quatre 40 % du capital.
Il y a un peu plus de deux ans, Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, finalisait la vente de 49,99 % de ses parts à un consortium chinois via l’entreprise Casil Europe, avec une option de vente pour le solde de 10,01 %.
« Logique mercantile » des actionnaires chinois
Mais voilà, depuis deux ans, ces nouveaux actionnaires sont loin d’avoir fait l’unanimité auprès de leurs partenaires publics. Ils ont commencé dès l’an dernier en touchant au bas de laine d’ATB. La plupart des élus sont alors montés au créneau pour dénoncer un versement des réserves que les nouveaux actionnaires n’avaient pas participé à constituer.
Les patrons de Casil Europe ont récidivé cette année et enfoncé le clou en annonçant de manière assez abrupte qu’ils débarquaient le président historique du directoire de l’aéroport, Jean-Michel Vernhes. De quoi refroidir les actionnaires publics.
Ce mardi, le Conseil départemental a appelé l’Etat à ne pas céder ses parts au principal actionnaire privé de l’aéroport et les autres collectivités à faire de même.
« Depuis plus de 2 ans, Casil Europe a montré dans son mode de gestion que la logique mercantile prévalait sur l’intérêt général du territoire et son économie. C’est la raison pour laquelle il est primordial d’interpeller l’Etat sur le danger que représenterait la cession de ses parts à cet actionnaire privé », souligne Georges Méric qui espère que les actionnaires publics pourront proposer une alternative de reprise des 10,01 %.
Il évoque plusieurs pistes à étudier, et notamment celle d’un financement public et citoyen. En novembre 2014, en pleine vente des parts des 49,99 % des parts de l’Etat, la plateforme toulousaine d’investissement Wiseed avait lancé une opération. A l’époque plus de 10.000 citoyens et entreprises s’étaient engagés à investir plus de 20 millions d’euros.