«Un footballeur, ce n’est pas seulement un garçon qui tape dans un ballon»… L’UNFP veut redorer l’image des joueurs
INTERVIEW•Coprésident de l’UNFP, Sylvain Kastendeuch porte la bonne parole du syndicat des joueurs professionnels à travers la France…Propos recueillis par Nicolas Stival
L'essentiel
- L’UNFP met en place plusieurs campagnes pour combattre les clichés qui collent à la peau des footballeurs.
- Le syndicat se dit prêt à apporter son soutien à Zinédine Machach, le joueur du TFC mis à pied après avoir frappé son entraîneur.
Mardi, Sylvain Kastendeuch (54 ans) s’est arrêté à Toulouse pour y rencontrer les joueurs du TFC, lors de la huitième étape de son tour de France des clubs, avant de partir pour Ajaccio.
L’ancien défenseur aux 578 matchs de D1, coprésident de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), tient à défendre l’image d’un métier qui suscite autant de fantasmes que de sarcasmes.
Comment s’est passé votre séjour toulousain ?
Il y a eu une réunion de 25 minutes avec les joueurs du TFC après l’entraînement du matin. On leur a passé des informations sur nos actions et sur notre projet, qui est de revaloriser l’image des joueurs. Ils ont été réceptifs. J’espère qu’ils vont s’engager avec nous dans les mois qui viennent. Il y a déjà des choses de faites mais elles ne sont pas assez mises en valeur. Avec l’UNFP, il s’agira davantage de démarches individuelles alors qu’au sein des clubs, ce qui existe déjà relève du collectif.
Concrètement, que compte faire l’UNFP ?
Nous avons déjà lancé la campagne « C’est vrai » (avec Giroud, Gomis, Thauvin, Mavuba…). Nous mettons en place un baromètre annuel sur les actions que nous allons mener pour voir si elles ont un impact sur l’image des footballeurs. Ce plan global n’existe que depuis trois mois. Il s’agit aussi de faire de la « désintoxication ». On essaie de combattre les clichés en mettant en valeur les qualités nécessaires pour être un joueur professionnel.
Nous allons d’ailleurs proposer la campagne « Talents », avec des joueurs et des personnalités aussi incontestables qu’incontestées dans leur domaine : des comédiens, danseurs, chirurgiens… Elles parleront de leur métier et souligneront les valeurs communes avec les footballeurs dans des petits films, des saynètes.
Plus globalement, quelle est la volonté de votre syndicat ?
Réhabiliter les joueurs et les remettre au cœur de la société. Un footballeur professionnel, ce n’est pas seulement un garçon qui tape dans un ballon. C’est aussi un homme qui doit mettre en avant d’autres qualités pour réussir une belle carrière. Dans des réunions de famille ou entre amis, j’étais un peu fatigué d’entendre la plupart des gens relever seulement ce qui n’allait pas.
Tout le monde fait des bêtises, mais c’est moins mis en évidence dans d’autres secteurs professionnels. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour que tous ceux qui parlent de foot, comme les médias ou les politiques, n’évoquent pas que des mauvaises choses. Il faut amener d’autres chiffres, qui montrent que les joueurs qui font exploser les comptes sur le plan financier ne représentent que 2 ou 3 % des professionnels. Pour la grande majorité, c’est plus compliqué, plus précaire avec une carrière souvent courte.
Dans ce contexte, l’affaire Machach à Toulouse fait désordre…
C’est un garçon qui a fauté, il a été mis à pied. L’UNFP lui a proposé une aide, dans le domaine juridique notamment, s’il en a besoin ou envie. On ne peut pas excuser un tel comportement mais on souhaite que toutes les parties respectent le droit du travail. Nous voulons que le club respecte la procédure normale, ce dont je ne doute pas car il y a de bons dirigeants au TFC.
L’UNFP a-t-elle réussi à le joindre ?
On lui a laissé des messages. Pour l’instant, il ne s’est pas manifesté, ce qu’on peut comprendre car la situation est difficile.