Pyrénées: Après plusieurs incidents, des élus de l’Ariège demandent le retrait des ours
BIODIVERSITE•Après des attaques d’ours dans les Pyrénées, les éleveurs opposés à leur présence sur le massif sont à nouveau mobilisés, suivis par des élus ariégeois…Béatrice Colin
L'essentiel
- Plusieurs attaques d’ours ont eu lieu cet été dans les Pyrénées, dont une mi-juillet qui a causé la mort de 209 brebis.
- Des agents de l’ONCFS ont été agressés vendredi alors qu’ils trouvaient sur le terrain pour une expertise de dégâts concernant l’ours.
- Les élus majoritaires du conseil départemental de l’Ariège exigent le retrait des ours du massif.
- Les partisans du plantigrade estiment pour leur part que les dégâts imputables à l’ours restent minimes et stables.
Alors qu’on la pensait définitivement enterrée, la polémique sur la présence des ours dans les Pyrénées a rejailli cet été. En particulier en Ariège où des élus majoritaires du département pyrénéen viennent de demander officiellement à l’Etat le retrait de la population d'ursidés présente sur le massif.
Mi-juillet, un troupeau de brebis a été victime d’une attaque imputée au plantigrade dans le secteur d’Auzat. Selon un bilan dressé par les autorités, 209 bêtes sont mortes après avoir chuté d’une falaise, effrayée par l’ours.
Cette première attaque a relancé la mobilisation des associations opposées depuis plus de vingt ans à la réintroduction de l’animal dans les Pyrénées. Elle s’est traduite samedi dernier par une manifestation de plusieurs dizaines d’éleveurs à Saint-Girons.
Ces derniers ont bloqué des accès à la commune et distribué des tracts anti-ours à la sortie du péage de Lestelle, sur l’A64, au sud de Toulouse.
Agression sur le terrain de quatre agents de l’Etat
Si ce jour-là, aucun incident n’a été à déplorer, la veille, quatre agents de l’Office nationale de la chasse et la faune sauvage, chargés de mener une expertise de dommages liés à l’ours du côté d’Auzat, ont été pris à partie par des éleveurs. Ils ont été menacés de mort par les personnes qui les attendaient et, selon la préfecture de l’Ariège, des coups de fusil ont été tirés.
Une agression qui a fait l’objet d’une plainte de la part des services de l’Etat et qui a été condamnée par Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire.
Cette escalade « était prévisible » selon les élus de la majorité départementale de l’Ariège, opposants historiques à la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées. Ces derniers appellent de leurs vœux des états généraux du pastoralisme et exigent de l’Etat qu’il assume « les conséquences de cet échec dévastateur ».
Dans leur courrier, ils expliquent : « L’Etat a voulu réintroduire l’ours, il lui appartient d’en tirer les conséquences et de les rendre à leur pays d’origine ».
En résumé de les renvoyer en Slovénie, d’où sont issus les neuf animaux réintroduits depuis 1996 sur le massif. Depuis, cinq d’entre eux sont morts, mais ils se sont reproduits et lors du dernier recensement datant de l’année dernière, 39 ours avaient été détectés par le Réseau ours brun.
Dégâts dus à l’ours stables ces dernières années
Selon le bilan dressé par les autorités, les dégâts imputables aux plantigrades restent stables malgré l’augmentation de la population.
Pour les pro-ours, la mortalité dans les estives est loin du fait d’être de la seule responsabilité de l’animal tant décrié.
« Hormis le cas du dérochement exceptionnel du 16/17 juillet, les dégâts imputables à l’ours au 16 août sont donc en Ariège de 89 ovins, soit un chiffre habituel, la majorité des troupeaux concernés par ces dégâts n’étant pas protégés. Rappelons que sur les 570.000 ovins présents dans les Pyrénées, 18.000 à 30.000 brebis meurent chaque été de chutes, de la foudre, de maladies, du manque de soin, de prédation par les chiens, les asticots, etc. Le dérochement exceptionnel de juillet fera tout au plus passer la part de l’ours dans la mortalité globale de 1 à 2 % en 2017 », relève l’association Férus.
Une bataille de chiffres qui ne devraient pas faire bouger les lignes. Aucun ours n’a été réintroduit en France depuis 2006, les gouvernements successifs bottant en touche sur la question. C’est la Catalogne qui s’est chargée de la dernière, l’an passé, avec le lâcher de Goiat.
Reste à savoir si le président de la République donnera une impulsion dans un sens ou dans l’autre. Alors candidat, Emmanuel Macron s’était prononcé pour une « réintroduction harmonieuse et discutée ».