Toulouse: Figurez-vous que Victor Hugo et Baudelaire étaient aussi dessinateurs (si, si)
CULTURE•Poussin, Delacroix, Ingres, Toulouse-Lautrec… Trois siècles de chefs-d’œuvre du dessin français sont réunis à Toulouse. Avec des insolites puisqu’on y découvre que Baudelaire et Hugo ne maniaient pas que les mots…Hélène Ménal
Le saviez-vous ? Victor Hugo n’était pas qu’un écrivain prolifique. Il a aussi commis quelque 3.000 dessins dont il n’aimait pas qu’on parle ou s’émeuve de peur qu’ils éclipsent aux yeux du public le littérateur. Cinq d’entre eux sont actuellement exposés à Toulouse, dans les murs frais de la Fondation Bemberg.
Ils font partie des 110 chefs-d’œuvre réunis par les époux Prat, des collectionneurs français qui depuis plus de 40 ans réunissent les pièces maîtresses du dessin français du XVIIe au XIXe siècle.
« Victor Hugo a dessiné toute sa vie mais en parler l’énervait prodigieusement, confie Louis-Antoine Prat, par ailleurs historien de l’art et président de la Société des amis du Louvre. Il avait ses techniques à lui, utilisait parfois des cendres, de la suie ou sa salive ». Parmi les sombres dessins de Hugo visibles dans la Ville rose, il y a la plage où il se baignait lors de son exil à Guernesey ou encore La Bourrasque, un bateau dans la tempête destiné à illustrer l’édition du roman Les travailleurs de la mer.
Dessins préparatoires
Moins travaillés mais tout aussi insolites, il y a aussi dans l’exposition deux portraits de femmes tracés, presque rageusement, par Baudelaire, peut-être sur une table de bistrot. L’un d’entre elle est probablement Jeanne Duval, sa maîtresse et inspiratrice des Fleurs du mal.
Sinon, dessins qui se suffisent à eux-mêmes ou préparatoires à des tableaux prestigieux, il y a des Poussin, des Delacroix, un Cézanne ou encore un délicat Toulouse-Lautrec. Bref une pléiade de grands maîtres, réunis pour la première fois à Toulouse.