Toulouse: Deux siècles après sa disparition, un tableau de Tournier de retour aux Augustins
MUSEE•Une œuvre qui avait disparu des collections des Augustins au début du XIXe siècle vient de retrouver les salles d’exposition du musée toulousain…Béatrice Colin
Il était porté disparu depuis deux siècles ans. Jusqu’à ce qu’un grand galeriste français remette la main dessus, les spécialistes de Nicolas Tournier ne pensait pas voir un jour réapparaître Le Portement de Croix peint vers 1635 par le peintre du mouvement caravagesque.
« Ce tableau vient de l’église des pénitents noirs de Toulouse. Jusqu’en 1828, il apparaît dans les inventaires des Augustins jusqu’à celui de 1928 mais plus en 1835 », rapporte Axel Hémery, le directeur des Augustins qui a récupéré il y a peu cette toile.
Mais pour la voir accrochée aux murs du musée toulousain à côté d’autres œuvres de l’artiste, pas un kopeck n’a été déboursé. En 2009, lorsque le galeriste l’achète lors de la dispersion d’un riche antiquaire de Florence, ce n’est pas un Tournier qui lui est vendu. L’Italien qui possédait ce tableau depuis longtemps ne savait pas de qui est il était.
Restitution rocambolesque
Le galeriste mène son enquête et a vite l’assurance qu’il s’agit d’une des quarante œuvres du peintre français. L’un de ceux qui l’ont possédée a par contre eux la mauvaise idée de la découper et recadrer. Son nouveau propriétaire décide de la revendre rapidement à la célèbre galerie anglaise Weiss et la toile sort alors du territoire.
Pour y revenir lors d’un salon parisien en 2011. C’est à ce moment-là que le ministère de la Culture déclare l’œuvre inaliénable et interdit sa sortie du territoire. Après une polémique et des tractations, le propriétaire britannique rend à l’Etat français la toile estimée à 675.000 euros. Elle sera finalement restituée à la Ville de Toulouse à la fin de l’année 2016.
Deux œuvres spoliées sans propriétaire
Elle trône dans l’église des Augustins, juste en face de deux peintures qui elles sont toujours sans propriétaire. La Vierge et l’Enfant de Marco Basaiti ainsi que La Chasse, œuvre d’un artiste florentin du XVe siècle peinte sur un panneau de peuplier, font partie des biens spoliés pendant la guerre par les nazis.
Les Musées Nationaux Récupération, en charge de retrouver les propriétaires, ont confié ces deux peintures aux Augustins.