Voici Angels, le premier satellite miniature français (qui voit grand)
ESPACE•A Toulouse, le CNES et des partenaires privés conçoivent le premier nanosatellite français. Avec ses 25 kg tout équipé, Angels va faire fondre les prix de fabrication et de lancement…Hélène Ménal
L'essentiel
- Le Cnes vient de présenter Angels, le premier nanosatellite français qui va voler
- Il sera mis en orbite dans deux ans
- Le projet mené en coopération avec le privé doit permettre de mettre un pied dans le marché très porteur des nanosatellites moins chers à construire et à lancer
Un « Angels » va passer, probablement dans deux ans. Plus petit que « mini », carrément miniature, il s’agira de premier nanosatellite français mis en orbite. Ce démonstrateur, le premier destiné à voler, vient d’être présenté à Toulouse, chez Nexeya, le partenaire industriel choisi par la Cnes pour construire « le premier de la série » et partager les coûts du projet.
25 kg contre 4 tonnes pour satellite classique
Au moment de son lancement Angels, qui assurera une mission Argos d’observation classique des océans, devrait peser dans les 25 kilos, à comparer avec les 4 tonnes d’un satellite de télécommunication classique. Et les coûts de fabrication sont à l’avenant : 10 millions d’euros pour Angel, un milliard parfois pour un de ses grands frères. Pour la mise en orbite le différentiel est stratosphérique. Il peut atteindre les 150 à 180 millions d’euros pour un opérateur ayant recours à Ariane 5 contre « 500.000 euros à 1 million » pour un nanosatellite.
Autant dire que le satellite devient abordable pour tout un tas de nouveaux clients. « Un nanosatellite peut avoir des missions scientifiques mais aussi des applications commerciales pour la collecte de données, l’Internet des objets ou intéresser les géants du Net en matière de géolocalisation », énumère Marie-Anne Clair, directrice des systèmes orbitaux au Cnes.
Un marché de 800 millions d’euros
Le marché du nanosatellite est estimé à 800 millions d’euros de chiffre d’affaires dans la décennie à venir. Or, la France qui fabrique 25 % des gros satellites, y brille pour l’instant pas son absence.
La mission d’Angels, et de ses futurs frères et sœurs, est d’y remédier. « On ne pouvait pas rester en dehors de ce marché, assure Philippe Gautier, le patron de Nexeya. L’objectif, c’est de mettre en place une filière industrielle française ».
L’idée est donc « de compléter la panoplie ». Mais sans céder au fantasme du spatial discount. « Le spatial de Philae qui nous fait rêver, ce n’est pas du bas coût, souligne Marie-Anne Clair. Pour la très haute résolution optique par exemple, il faut beaucoup de lumière et donc embarquer un miroir, plus grand à lui tout seul que n’importe quel nanosatellite ».