Toulouse: Du djihad en Syrie à une tentative de braquage avorté
JUSTICE•Le procès aux assises de cinq Toulousains s’est ouvert ce lundi pour une série de braquages. Deux des accusés sont aussi poursuivis pour être partis en Syrie…Béatrice Colin
L'essentiel
- Les photos des jeunes coaccusés prises en Syrie ont été versées au dossier de braquage jugé depuis lundi aux assises de Haute-Garonne
- Selon les expertises psychologiques et étude de personnalité, les deux jeunes ont un profil normal
Ce lundi, au premier jour du procès de cinq jeunes Toulousains pour une série de braquages, des hommes du RAID étaient présents. Un déploiement de forces de l’ordre inhabituel aux assises de la Haute-Garonne.
Si les policiers de l’unité d’élite étaient là, ce n’est pas à cause des faits pour lesquels comparaissent cette semaine ces cinq hommes. Mais ceux pour lesquels deux d’entre eux sont mis en examen dans un autre dossier.
Motivés par l’argent
Mounir D. et Rodrigue Q., deux jeunes de 21 et 22 ans, sont poursuivis pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Ils ont été renvoyés récemment devant la cour spéciale de Paris et devront s’expliquer sur un séjour de trois mois en Syrie, entre mai et août 2013, avant leur tentative de vol à main avorté.
Un braquage raté en date du 21 décembre 2013 et auquel quatre des cinq prévenus reconnaissent avoir participé. Ils s’étaient présentés cagoulés dans une supérette de l’agglomération au petit matin, menaçant les employés. Mais le directeur était absent et ils n’avaient pas pu accéder au coffre. Ils étaient alors repartis bredouille.
Identifiés grâce à leur voiture, ils avaient été interpellés chez l’un d’entre eux. Au fil de l’enquête, les enquêteurs ont imputé d’autres méfaits du même genre à deux des coaccusés.
Garçons sans histoire
Toutes les enquêtes de personnalité présentées à la barre du tribunal ce lundi ont montré que leur principale motivation était l’argent. Au fil des expertises psychologiques, Mounir D. et Rodrigue Q. se révèlent même être des jeunes hommes aux profils plutôt classiques, regrettant leurs actes. Rodrigue Q., élevé dans une famille stable, était encore en terminale en février 2013.
A première vue, rien à voir avec des profils de djihadistes convaincus. Pourtant c’est bien ce dossier qui s’invite régulièrement dans les débats par l’intermédiaire du procureur général. Ce dernier demande aux experts présents à la barre si les deux jeunes hommes se sont confiés à eux sur ce séjour pour le moins atypique en Syrie. « Non », concèdent-ils. Seul l’un d’eux a été interpellé par l’exclusion de Mounir D. de son de son lycée « parce qu’il pratiquait la prière dans l’enceinte de l’établissement ». « Il n’a jamais parlé de sa religion, on peut en déduire que ça n’a pas un rôle prépondérant dans sa vie », justifie alors son avocat, Nicolas Raynaud de Lage.
Photos de Syrie versées au dossier
Le président précise alors que des photos du fameux voyage en Syrie ont été versées au dossier. Des clichés sur lesquels les jeunes hommes seraient en armes devant un drapeau de l’Etat islamique. « Il y a présomption d’innocence. Est-ce que je dois parler aux jurés d’un autre dossier », interroge à son tour Alexandre Parra-Bruguière, l’avocat de Mounir D.
« On a parlé du voyage en Syrie, j’y reviendrai lorsque les photos seront dévoilées, pour ne pas être pris pour ce que je ne suis pas », s’est défendu Rodrigue Q. Et il devrait le faire pas plus tard que ce mardi, lorsque l’enquête sur ces braquages sera évoquée devant la cour, ainsi que le contenu des téléphones et ordinateurs des accusés sur lesquels figuraient ces photos.