Grippe aviaire: Six semaines pour nettoyer les élevages et mettre un terme à l'épidémie
AGRICULTURE•A compter de ce lundi, et durant six semaines, les éleveurs de canards de 1.134 communes du Sud-Ouest doivent faire le « vide sanitaire » dans leur élevage…B.C. avec AFP
A partir de ce lundi, les éleveurs de palmipèdes de cinq départements du Sud-Ouest doivent mettre en place des mesures radicales pour éradiquer l’épidémie de grippe aviaire qui sévit depuis le mois de novembre dans leurs exploitations.
Jusqu’au 28 mai, les exploitations de 1.134 communes de la Haute-Garonne, du Gers, des Landes, des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées doivent procéder au nettoyage complet de leur unité de production.
Vider, nettoyer, désinfecter
Ils n’ont pas le choix, c’est une mesure obligatoire suite à un arrêté ministériel pris en février dernier. Au cours des six prochaines semaines, les éleveurs ne devront plus avoir aucun canard dans leurs unités de production. Celles-ci vont devoir être vidées de tout animal, nettoyées et désinfectées.
Dans plusieurs d’entre elles, il n’y a plus de palmipèdes depuis déjà plusieurs semaines car près de 4 millions de canards ont déjà été euthanasiés de manière préventive, majoritairement dans le Gers et les Landes.
Certains d’entre eux, sans activité depuis plusieurs jours et déjà sous le coup d’un vide sanitaire, auraient aimé que l’activité reprenne de manière échelonnée. C’est le cas de Lionel Candelon, du mouvement « les canards en colère » dont l’exploitation familiale dénombrait 5.400 canards avant l’épizootie. « On va avoir des contrôles mais le bâtiment est propre déjà depuis deux mois ! Pendant un mois et demi supplémentaire, on va encore être interdit de travailler », déplore-t-il.
Comment éviter un nouvel épisode après le 29 mai ?
Après ce vide sanitaire, de nouvelles mesures vont en effet être prises pour éviter tout retour du H5N8 ou d’un nouveau virus. Jusqu’au 31 mars 2018, des tests de dépistage seront réalisés sur les palmipèdes à différents stades de l’élevage.
Le 13 avril, un pacte contre l’influenza aviaire a été signé qui engage les éleveurs par une attestation sur l’honneur à respecter certaines règles. Il instaure par exemple une protection des points d’abreuvement des canards et d’alimentation, pour éviter tout contact avec la faune sauvage, souvent vecteur de contamination.
A chaque transport d’oies ou de canards, les véhicules devront aussi être désinfectés. Car le virus se propage souvent par ce biais-là entre deux exploitations. D’où la demande de certains éleveurs de privilégier les circuits courts, sur un périmètre plus restreint.
Retour à une production à l’automne
Le retour à une production ne devrait pas intervenir avec le mois de septembre. Car si à compter du 29 mai, les professionnels devraient pouvoir accueillir à nouveau des animaux dans leur bâtiment d’élevage, ceux-ci seront forcément des jeunes canetons. Il faudra attendre au minimum trois mois pour qu’ils atteignent l’âge adulte. Ils pourront alors être abattus fin septembre, début octobre.
Ou bien ils seront engraissés dans le cadre, notamment, de la production de foie gras pour les fêtes de Noël. Mais les éleveurs ne cachent pas qu’ils craignent une pénurie de canetons disponibles chez les accouveurs. Et que cela aura une conséquence sur les prix de vente des produits de la filière, à la hausse à cause de la rareté mais aussi de la répercussion des nouveaux investissements sur les prix.