A Toulouse, on planche sur les colorants bio produits grâce à des bactéries
SCIENCES•Pili, une start-up installée à Toulouse, travaille à l’élaboration de colorants biodégradables et d’origine naturelle…Béatrice Colin
Ils sont partout. Dans l’alimentation, les emballages, l’encre de nos stylos ou encore nos vêtements. Les colorants donnent de la couleur à notre vie, mais la contrepartie n’est pas toute rose. Leur production est en effet source de pollution. Lorsqu’ils sont issus de la pétrochimie, un kilo émet jusqu’à 26 kg de CO2, sans parler de leurs conséquences sur l’environnement lorsqu’ils se retrouvent dans la nature.
« Le problème c’est que 99 % des colorants sont d’origine pétrochimique. Il en existe d’origine végétale mais leur production est onéreuse et pour produire les milliers de tonnes d’indigo par an nécessaire à l’industrie du jean il faudrait recouvrir l’Allemagne d’indigotier », indique Jérémie Blache, le cofondateur de la start-up Pili.
Méthode de fermentation
Installée depuis peu à Toulouse, la société planche sur des colorants qui pourraient révolutionner un marché qui draine chaque année 15 milliards d’euros. « Nous n’avons pas recours aux pesticides et nos colorants ne sont pas polluants. On les cultive dans des bacs et on utilise la fermentation comme pour la bière », indique le jeune entrepreneur qui a fait ses études à la Toulouse Business School après avoir vu le jour dans les locaux du laboratoire communautaire La Paillasse, à Paris.
Ses responsables et chercheurs ont atterri au sein de la Toulouse White Biotechnology qui a pour vocation d’accélérer le passage de la recherche aux applications
Dans une cuve - contenant du sucre et de l’eau, mais surtout des micro-organismes qui vont travailler - les bactéries vont se nourrir et produire un colorant naturel qui est ensuite récupéré, filtré et purifié. En 2016, l’équipe de Pili a produit un kilo de colorant bleu.
« Aujourd’hui une grande partie des risques est maîtrisée et nous savons avec la modélisation que nous pouvons couvrir tout le spectre de couleurs », avance Jérémie Blache. Pili va lancer cette année une levée de fonds pour poursuivre l’aventure et passer à une échelle plus importante.