VIDEO. Journée des droits des femmes: Les femmes partent-elles à égalité dans l'espace?
ESPACE•Dans « Les figures de l’ombre », trois femmes afro-américaines imposent leur génie à la Nasa. Ce plafond de verre est-il toujours d’actualité ? L’avis de la spationaute Claudie Haigneré…Hélène Ménal
Dans Les figures de l’ombre, le film qui a doublé Rogue One en passant dans l’hyper espace du box-office américain, trois femmes afro-américaines s’incrustent dans les hautes sphères de la Nasa. Dans l’Amérique ségrégationniste et machiste des années 1960, ces « calculatrices » de génie permettent à l’agence spatiale américaine de prendre un avantage décisif sur fond de Guerre Froide.
Parmi les leçons « formidables » que Claudie Haigneré, la première Française dans l’Espace, retient du film il y a celle de la diversité qui enrichit. « J’ai passé 10 ans en Russie pour m’entraîner, dans une diversité de culture, de genre et de métier. Toutes ces différences quand on les met ensemble permettent d’aller plus loin », dit la spationaute. Elle glisse qu’à l’époque elle n’a pas ressenti de différence de traitement femme-homme, « mais plutôt entre civils et militaires ».
« Des barrières »
Et le plafond de verre ? « Quand j’ai été recrutée par l’Agence spatiale européenne (ESA) en 1985, il n’y avait pas de critère de sexe, il fallait avoir un doctorat ou être pilote. Malgré ça, il n’y a eu que 10 % de candidatures féminines », relève Claudie Haigneré, persuadée que « parfois, ce sont les femmes elles-mêmes qui se mettent des barrières ».
Et le phénomène ne s’est pas beaucoup amélioré depuis : en 2008, lors du recrutement de la dernière promotion de l’ESA, celle deThomas Pesquet, il n’y a eu que 17 % de candidates. Et une femme retenue sur six futurs spationautes. La Nasa a fait beaucoup mieux depuis. Sa dernière promo est paritaire, quatre femmes, quatre hommes.
15 % de filles seulement à SupAéro
Plus bas, sur le plancher des vaches, la féminisation des métiers du spatial laisse elle aussi à désirer. A l’ISAE-SUPAERO, l’école d’ingénieurs toulousaine qui constitue la voie royale, il n’y a que 15 % de filles en moyenne dans les promotions. « Pourtant, elles sont autant que les garçons en Terminale S. Mais elles vont plus facilement dans des filières comme la biologie et la médecine », constate Emilie Teyssedre, universitaire recrutée au sein du programme d’ouverture sociale de l’ISAE, justement pour y mener une « étude de genre ».
« Les femmes ne se projettent dans une carrière d’ingénieurs car elle ne recouvre pas une réalité pour elles, notamment parce que tous les experts des plateaux télé sont des hommes », souligne-t-elle.
Pour y remédier, « SUPAERO » organise des journées « Campus au féminin », exclusivement réservées aux lycéennes. Il y en a une ce mercredi.