ESPACEQue mettre dans le «moteur» des astronautes? Pesquet joue les cobayes

Que mettre dans le «moteur» des astronautes? Pour le savoir, Thomas Pesquet joue les cobayes

ESPACEDurant dix jours, l’astronaute est au cœur d’une expérience pilotée depuis Toulouse pour connaître les dépenses et besoins énergétiques des astronautes…
L'astronaute Thomas Pesquet à bord de l'ISS.
L'astronaute Thomas Pesquet à bord de l'ISS. - ESA/NASA/, 2016
Béatrice Colin

Béatrice Colin

Le job de Thomas Pesquet au sein de la Station spatiale internationale (ISS) ne se limite pas à poster ses musiques préférées sur Twitter ou à prendre des photos de notre belle planète. Depuis qu’il a posé ses valises à 400 km au-dessus de nos têtes, l’astronaute français a déjà réalisé une multitude d’expériences, en plus de sa sortie dans l’espace le 13 janvier.

Et il lui en reste encore. Comme celle qu’il a entamée ce jeudi 2 mars. Pour la science, il donne à nouveau de sa personne dans le cadre d’Energy, une étude commanditée par l’Agence spatiale européenne en partenariat avec le CNRS de Strasbourg et pilotée depuis le Centre d’aide au développement des activités en micropesanteur et des opérations spatiales (Cadmos) du CNES, à Toulouse.

Dépenses énergétiques décortiquées

Objectif : connaître les dépenses et besoins énergétiques des astronautes, sachant que tous, sans exception, perdent de la masse musculaire et osseuse lors des vols spatiaux. Et ainsi adapter leur ration de nourriture et leur activité physique.

Jeudi 2 mars, au CNES de Toulouse où l'expérience de l'astronaute Thomas Pesquet est suivie en direct.
Jeudi 2 mars, au CNES de Toulouse où l'expérience de l'astronaute Thomas Pesquet est suivie en direct. - B. Colin / 20 Minutes

Dès potron-minet et sans avoir pris le moindre petit-déjeuner, Thomas Pesquet s’est donc mis au travail sous l’œil attentif des scientifiques. A peine a-t-il eu droit à deux verres d’eau marqués avec des traceurs non radioactifs, avant de se lancer dans une séance de 40 minutes d’inactivité, simplement équipé d’un moniteur et d’un masque qui mesure le gaz expiré et sa consommation d’oxygène. Seul impératif pour le trentenaire : ne pas s’endormir.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Et durant toute la matinée il a ainsi enchaîné des sessions de 40 minutes avec des pauses où il a dû remplir des échantillons d’urine qui reviendront avec la cargaison du vaisseau cargo de Space X. On est loin des sorties dans l’espace, mais Thomas Pesquet est un stakhanoviste, toujours prêt pour ses missions, souvent en avance même. Pour celle-ci, il sera suivi durant dix jours.

Trop de sport, pas assez de nourriture ?

« Toutes ces données nous permettent de calculer les dépenses énergétiques au repos et en phase d’activité et doivent nous servir à déterminer quels sont les besoins nutritionnels sur les vols de longue durée pour être en bonne forme », avance Alain Maillet, responsable des expériences physiologiques au Cadmos.

Car il ne faudrait pas qu’après avoir parcouru des millions de kilomètres, les premiers hommes à se rendre sur Mars soient trop faibles pour marcher.

Depuis 2012, neuf astronautes ont subi le même traitement « Energy » que Thomas Pesquet. Et un dixième devrait se prêter au jeu après le Français. Une expérience dans laquelle le sport joue un rôle capital. « Nous avons ainsi remarqué que les astronautes qui avaient perdu le plus de poids étaient ceux qui faisaient le plus d’exercice et étaient les plus sportifs », relève le docteur Stéphane Blanc, du CNRS de Strasbourg.

De là à dire qu’il faudrait que les astronautes adoptent le régime du Dude dans The Big Lebowski, on en est loin. Mais le chercheur ne cache pas que « le dogme » d’une activité physique quotidienne trop intense dans l’espace pourrait ne pas avoir les effets escomptés et être contre-productif si elle n’est pas adaptée à chaque morphologie.

Aidé par les résultats des Bedrest

Et pour parfaire son expérience, il s’appuie aussi sur les résultats des Bedrest réalisés ces dernières années à la clinique spatiale de Toulouse, le Medes.

Celle-ci mène d’ailleurs actuellement une de ces séances d’alitement reproduisant les conditions de l’impesanteur. Baptisée « Cocktail », elle teste une méthode de prévention destinée à atténuer ses effets indésirables sur le corps humain.

La moitié des dix hommes de 20 à 45 ans allongés durant 60 jours la tête inclinée en bas absorbe un mélange alimentaire antioxydant et anti-inflammatoire censé améliorer les performances des astronautes.