XV de France: Mais pourquoi donc rappeler Yann David sept ans après?
RUGBY•Le centre du Stade Toulousain Yann David a été convoqué pour préparer le Tournoi des VI Nations avec le XV de France. Sa dernière sélection remonte à novembre 2009…Nicolas Stival
On connaît quelques Toulonnais prêts à crier au complot toulousain. Malgré la grande forme de Mathieu Bastareaud, le centre massif du RCT n’a pas été appelé par Guy Novès pour pallier le manque de compétition de son coéquipier Maxime Mermoz. Le manager du XV de France, ex-entraîneur du Stade Toulousain, a préféré convoquer son ancien joueur Yann David.
Le bulldozer de 28 ans avait fêté sa quatrième et dernière sélection en novembre 2009, contre la Nouvelle-Zélande. Plus de sept ans après, il revient dans un groupe de 32 joueurs pour préparer le premier match du Tournoi des VI Nations en Angleterre, le 4 février. Et il n’y a rien de scandaleux, même si l’intéressé s’avoue « super surpris ».
Une forme internationale. Alors, méritée cette convocation de Yann David ? Oui, affirme Ugo Mola sans hésiter (et sans surprise). « Elle récompense le travail qu’il a effectué et sa capacité à enchaîner les performances. C’est un garçon méritant et exemplaire dans la vie d’un groupe », affirme l’entraîneur principal du Stade Toulousain.
Mais encore ? « On l’a encore vu ce week-end [chez les Anglais des Wasps, en Coupe d’Europe], chaque fois qu’il joue, il est très difficile à arrêter, assure son capitaine Thierry Dusautoir. Je pense qu’il fera du bien à l’équipe de France. » Avec son 1,85 m et ses 100 kg, David tient plus du passe-muraille que du troubadour qui fait chanter le cuir. Justement, son profil n’est pas si commun dans le rugby français.
Enfin débarrassé des blessures. Epaule, cuisse, poignet… Lorsqu’on détaille les différentes blessures qui ont freiné Yann David, on a l’impression de jouer à Docteur Maboul. Lors de ses débuts en Bleu à tout juste 20 ans, en mars 2008 contre l’Italie, le Berjallien d’alors semblait promis à une destinée glorieuse sous le maillot bleu. Son corps en a décidé autrement.
« Blessure ou pas, c’est le loto du sportif, on ne peut pas prévoir », relève, philosophe, le centre stadiste, enfin débarrassé des soucis physiques. « Cette convocation récompense son travail et sa capacité à enchaîner les performances », assure Ugo Mola.
Fini (ou presque), le coffre à ballons. Longtemps, David s’est vu reprocher une tare souvent accolée à tout joueur puissant : sa capacité de perforation n’avait d’égale que son inaptitude à faire des passes.
« Aujourd’hui, j’essaie de continuer à faire vivre le ballon, plaide le fils d’un ex-lanceur de disque et d’une ancienne lanceuse de javelot, qui ont fréquenté l’équipe de France d’athlétisme. Même si ça reste un de mes défauts. » Le Toulousain ne sera jamais un technicien hors pair, mais Novès ne l’a pas pris pour ça.
Des automatismes avec Gaël Fickou. Les deux font la paire. On ignore si Guy Novès est un fan de cette série télé des années 1980. Mais les quatre centres qu’il a convoqués dans sa liste constituent deux doublettes : Yann David et Gaël Fickou sont souvent associés à Toulouse, alors que le duo Wesley Fofana – Rémi Lamerat fait le bonheur de Clermont.
« Je vais à Marcoussis sur la pointe des pieds, souligne David. Je peux amener mon expérience mais aussi de la fraîcheur, même si je commence à être vieux. » D’où un certain recul : « Je ne savourerai pleinement que si mon club se qualifie dimanche. » Face aux Irlandais du Connacht à Ernest-Wallon, le Stade Toulousain jouera sa place en quart de finale de Champions Cup.