Les ateliers du Théâtre du Capitole changent de décor
PATRIMOINE•Le nouvel atelier de décors du Théâtre du Capitole vient de s’installer à Montaudran, dans de nouveaux locaux plus modernes et pratiques…Béatrice Colin
Le 10 mars, sur la scène du Théâtre du Capitole, les chanteurs d’opéra joueront une nouvelle production : Ernani de Giuseppe Verdi. Derrière Don Ruy Gomez de Silva et Elvira, les spectateurs pourront admirer le premier décor fabriqué dans le nouvel atelier du théâtre, du côté de Montaudran, dont la construction a coûté 1,2 million d’euros.
Depuis 1981, il était installé du côté d’Amouroux. Mais, face à d’importants problèmes de structure, les vieux bâtiments industriels ont dû être fermés il y a quatre ans. Et pour être cohérente, Toulouse Métropole a décidé d’implanter ce nouveau site de production de 2.100 m2 juste à côté des salles de répétition du Ballet et du Théâtre.
Serruriers, menuisiers, peintres décorateurs, une quinzaine de personnes s’affairent sur ces pièces uniques, véritables bijoux d’orfèvrerie malgré leurs dimensions pouvant atteindre 16 mètres de long comme ce mur doré à la feuille.
Presque tout en un seul lieu
« Le scénographe fabrique une maquette en 3D à l’échelle 1/33e. Nous mettons au point un plan de construction dans lequel nous prenons en compte les changements de décor car c’est un immense Lego. La réalisation du décor prend trois mois, mais le projet de bout en bout s’étale sur une année », indique Benoît Becret, le directeur technique de l’atelier. Et comme pour un costume, il travaille avec le metteur en scène sur les échantillons et réalise des patrons.
« Avoir tout à côté cela facilite les choses, on est plus efficace. Si je pense à mettre un mur mobile dans une scène, je leur demande. Avant, tout se faisait à distance, il fallait anticiper », se souvient Kader Belarbi, directeur de la Danse. Durant une période, le théâtre a dû externaliser ses décors.
Plus rentable
Aujourd’hui, il réfléchit à en produire pour les autres. « Toutes les maisons vont dire qu’elles ont un atelier, mais souvent il est éphémère. Strasbourg créé des décors pour les autres et nous y réfléchissons aussi. Avoir ses propres ateliers permet d’avoir des coûts moindres, car les sous-traitants sont souvent plus chers », relève Jean-Jacques Groleau, le directeur artistique du Théâtre.
Chaque décor unique coûte de 40.000 euros jusqu’à dix fois plus. Mais une fois le spectacle joué sur la scène du Capitole, il peut avoir une seconde vie ailleurs. La maison toulousaine en possède une cinquantaine, qu’elle loue à d’autres établissements. Mais dont le stockage, dispatché dans différents lieux de la Ville rose, coûte cher.
«Notre objectif à terme est de tout avoir à Montaudran car nous louons près de 9.000 m2 pour stocker les décors. Aujourd’hui, nous regardons la faisabilité de ce rapatriement», reconnaît Marie Déqué, conseillère métropolitaine en charge du Théâtre et de l’Orchestre du Capitole.