JUSTICEA neuf mois du troisième procès, les victimes d'AZF se sentent délaissées

Toulouse: A neuf mois du troisième procès, les victimes d'AZF se sentent délaissées

JUSTICEEntre les frais de déplacement et l’éloignement, des sinistrés estiment que la tenue du procès à Paris va les priver d’une justice équitable…
Béatrice Colin

Béatrice Colin

«Nous avons calculé, avec 70 euros par jour je ne vois pas comment on peut se loger et se nourrir, à moins de dormir à quatre dans le même lit ». Pauline Miranda, vice-présidente de l’association des sinistrés du 21 septembre ne décolère pas.

Ce lundi, cette Toulousaine qui porte des prothèses auditives depuis l’explosion de l’usine AZF en 2001, participait en préfecture à une réunion d’organisation du troisième procès de la filiale de Total qui doit débuter le 24 janvier à Paris.

Triple peines

A l’instar d’autres sinistrés, elle continue à demander que le procès se tienne à Toulouse. Mais ne se fait plus d’illusion. « On ferait descendre les magistrats cela coûterait moins cher. Mais on sent bien que tout est joué d’avance, la salle où se tiendra le procès sera de 100 à 150 personnes alors qu’il y a eu 3.200 parties civiles aux précédents procès », critique aussi Brigitte Aubert une autre victime.

Mais selon Thierry Carrère, l’avocat de l’association des sinistrés du 21, trouve aussi inacceptable que toutes les catastrophes à venir soient désormais jugées à Paris.

« Pour les victimes d’AZF c’est la triple peine. Ils ont vécu la plus grande catastrophe industrielle, le plus grand fiasco judiciaire où on leur a fait subir l’inconséquence de la justice qui n’a pas su désigner les personnes lors du procès en appel, mais aussi la parole de l’Etat qui n’a pas été honoré puisque Christiane Taubira, alors Garde des Sceaux, avait dit que le procès se passerait à Toulouse », insiste l’ancien bâtonnier.

Pour ce dernier, le droit commun exige que ce procès ait lieu au plus proche du domicile des victimes. Et pour y parvenir, il espère que le Garde des Sceaux saisisse le Parlement, dernier susceptible de pouvoir faire évoluer la loi.