SCIENCESL'Homme de Néandertal, moins bête qu'il n'y paraît

Trois choses que nous apprend la grotte de Bruniquel sur l'Homme de Néandertal

SCIENCESLes découvertes réalisées dans la grotte de Bruniquel permettent de mieux cerner les aptitudes de notre cousin néandertalien…
Dans la grotte de Bruniquel, lors de prise de mesures pour l'étude archéo-magnétique.
Dans la grotte de Bruniquel, lors de prise de mesures pour l'étude archéo-magnétique. - Michel Soulier / SSAC
Béatrice Colin

Béatrice Colin

Longtemps considéré comme une sous-version de l’Homo Sapiens, l’Homme de Néandertal reprend du galon au fur et à mesure des découvertes scientifiques, perdant l’étiquette d’attardé que certains lui avaient un peu top vite collée sur le dos.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Les récentes analyses réalisées dans la grotte de Bruniquel, dans le Tarn-et-Garonne, montrent que notre vieux cousin était bien plus qu’un simple rustre, simplement bon à chasser.

  • L’Homme de Néandertal, cet Indiana Jones méconnu

Même pas peur. Bien avant l’Homo Sapiens, descendu il y a 30.000 ans dans les profondeurs de la grotte ardéchoise de Chauvet, l’Homme de Néandertal s’est aventuré sous terre. C’était il y a 176.500 ans, dans une grotte qui surplombe aujourd’hui la vallée de l’Aveyron. Et il ne s’est pas contenté de mettre un pied dans ce lieu froid et noir avant de tourner les talons.

A 336 mètres de l’entrée actuelle, une cavité a été découverte en février 1990 par des membres de la Société de spéléo-archéologique de Caussade. Ils vont rapidement se rendre compte que la disposition des stalagmites n’est pas vraiment naturelle, mais due à une intervention humaine.

Restitution en 3D des structures de la grotte de Bruniquel
Restitution en 3D des structures de la grotte de Bruniquel - Xavier Muth - Archeovision

Une première datation au carbone 14 fera penser que celle-ci date d’au moins 47.600 ans. Mais des analyses plus récentes ont reculé la période à 176.500 ans. Une surprise pour les chercheurs, parce qu’à cette époque-là, l’Homo Sapiens n’a pas encore mis un seul orteil sur le sol européen. Par contre, ce bon vieil Homme de Néandertal était tout désigné.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

  • L’Homme de Néandertal, ce bâtisseur

Bon, on est encore loin des aqueducs romains. Mais pour un Néandertalien, c’est pas mal du tout. Les six « structures » retrouvées dans la grotte de Bruniquel montrent que ceux qui l’ont fréquentée il y a des milliers d’années n’ont pas chômé. Et ont mis à contribution leurs corps puissants et trapus.

« Ils ont déplacé 400 morceaux de stalagmites, ils les ont tronçonnés, calibrés, agencés. Cela représente presque 2,2 tonnes de matériel. C’est un acte très réfléchi », indique Jacques Jaubert, professeur de Préhistoire à l’Université de Bordeaux, coauteur de l’article paru dans le magazine Nature sur cette découverte.

  • L’Homme de Néandertal, cet homme sociable

Et pour y arriver, ils ont communiqué entre eux, échangé, peut-être même que l’un d’eux donnait des ordres aux autres. Et oui, les hommes de Néandertal ne faisaient pas que grogner, ils pouvaient aussi parler et étaient aussi bien équipés pour ça que nos chers ancêtres.

« Il y a 170.000 ans, il y avait deux humanités, avec le même niveau technique et cognitif, le même état d’acquisition technique », plaide Jacques Jaubert. La même maîtrise du feu aussi, qui servait à Bruniquel à éclairer les parois sombres. On a d’ailleurs retrouvé 18 traces de feu, notamment d’os d’animaux calcinés.

  • L’Homme de Néandertal, mystique ou technique ?

Reste à savoir pourquoi ils ont décidé d’aller s’enterrer là-bas. « Je ne crois pas que ce soir un habitat de refuge. Par élimination et recoupements avec d’autres milieux souterrains, on s’y rend pour chercher de la matière, comme de l’argile, ou pour enterrer les morts », poursuit Jacques Jaubert.

Et ces structures servaient à quoi ? A un rite, un culte ? « C’était peut-être une technique pour conserver de l’eau, présente sur place », s’interroge le spécialiste de la Préhistoire. Les futures analyses perceront peut-être ce nouveau mystère.