Toulouse: Des chercheurs font des vagues pour prédire l'avenir du littoral
SCIENCES•Les plages sableuses du monde vont-elles reculer ou au contraire gagner du terrain ? C’est ce que tentent de déterminer des chercheurs toulousains grâce à une cuve à vagues…Hélène Ménal
A Toulouse, on n’a pas la mer. Mais on a les vagues. En modèle réduit et à l’ombre d’un grand hangar situé en bord de Garonne, dans les murs de l' 'Institut de Mécanique des Fluides (CNRS-INPT- UPS), un des plus grands laboratoires du monde dans sa spécialité s’apprête à fêter ce jeudi son centenaire.
La mer simulée par l’équipe de Laurent Lacaze (CNRS) est en fait un gros aquarium translucide de 4 mètres de long et 20 cm de large. Avec deux vannes d’arrivée d’eau, contrôlées par des vérins pneumatiques, pour simuler deux vagues.
Pas de plage de sable fin ici, un simple plan incliné matérialise la fameuse zone swash, celle où un filet d’eau s’alanguit sur la plage une fois que la vague s’est retirée. Elle sera bientôt matérialisée dans la cuve par des billes de plastique soigneusement pesées.
Au moins trois ans de déferlantes
Durant au moins trois ans, les scientifiques vont simuler la houle, faire déferler double vague après double vague et déterminer la quantité de sable qui quitte puis revient dans la zone swash. Ils vont filmer, calculer, mettre en équations. Comparer aussi leurs résultats avec les relevés de terrain d’un autre laboratoire toulousain, le Légos, qui étudie sans discontinuer l’érosion d’une plage vietnamienne.
« L’objectif est d’établir un modèle prédictif à très grande échelle », précise Laurent Lacaze. Bref d’être capable d’anticiper, à partir d’une simple cuve nichée dans un laboratoire toulousain et en ces temps de bouleversements climatiques, l’évolution topographique des littoraux du monde entier.