Drôle d’occupation pour des étudiants en Sciences politiques que de passer ses soirées au-dessus d’une vieille casserole à touiller - et goûter - une pâte élastique de leur composition. Le reste du temps, ils se musclent la mâchoire. Ils mâchent du chewing-gum, chronomètre en main, devenant incollables sur la durée du goût en bouche et la composition des friandises.

« On mâche du pneu ! »

En fait, Maxime, Timothée et Victorien espionnent la concurrence : les Américains Mondelez et Wrigley’s qui ont le monopole mondial de la gomme à mâcher. Car les trois étudiants pensent qu’il y a un créneau à prendre : celui du chewing-gum 100 % à base de produits naturels.

« Regardez les emballages, tout finit en "ol". On mâche du pneu, à base de pétrole et de produits chimiques ! », argumente Maxime, qui prête sa cuisine pour mettre au point la « recette » et dont les poches débordent de produits concurrents.

L’aventure a commencé par un banal exercice pour les 4e année de Science-Po. « Il fallait établir un business plan pour créer une boîte et on cherchait un projet originel, raconte Timothée, et un soir j’ai vu un reportage expliquant que la France était le deuxième consommateur mondial de chewing-gum après les USA ».

C’est ainsi qu’est né le futur chewing-gum « TriTree » qui se présentera dans un emballage sobre sous la forme de dragées triangulaires.

La sagesse des anciens

La formule est pour l’heure secrète mais il aura un goût - long en bouche - de menthe poivrée. Pour se procurer la matière première de leur « chaudron », les trois étudiants sont retournés aux sources. Ils se sont procuré de la sève de pistachier lentisque comme en mâchouillaient les Grecs anciens.

Les apprentis sorciers du chewing-gum sont persuadés qu’ils tiennent un concept : « Beaucoup de gens essaient de changer leurs habitudes, de consommer durable et responsable. Nous ne voulons pas faire un produit pour bobos haut de gamme mais un chewing-gum abordable, accessible à tous et partout », annonce Victorien, chargé en particulier de trouver les débouchés commerciaux.

Pour le chewing-gum made in Toulouse, la prochaine étape se jouera à la fin du mois. Le 30 mai, les trois inventeurs participeront au Quai des Savoirs au Concours régional des Etudiants créateurs d’entreprises (CRECE). L’occasion de passer Tritree au crible de véritables pros du business.

Quoi qu’il arrive, ils sont fermement décidés à commercialiser leur chewing-gum artisanal via une société coopérative. « On se donne jusqu’à la fin de notre cinquième année. On est jeunes et on n’a rien à perdre ! », lancent-ils.