JUSTICEL'appel d'une mère minée par l'incertitude

Disparue du Tarn: La mère d'Amandine enjoint le suspect de mettre fin à un ​«cauchemar éveillé»

JUSTICEDepuis trois jours, un homme dort en prison dans l'affaire de la disparition d'Amandine Estrabaud, dans le Tarn. La mère de la victime espère que des explications vont venir mettre fin à un calvaire de trois ans...
Monique Sire, la mère d'Amandine Estrabaud, le 11 avril 2016, trois jours après la mise en examen d'un suspect.
Monique Sire, la mère d'Amandine Estrabaud, le 11 avril 2016, trois jours après la mise en examen d'un suspect. - H. Menal - 20 Minutes
Hélène Ménal

Hélène Ménal

Voilà presque trois ans que la vie de Monique Sire a basculé. Le 18 juin 2013 exactement, le jour où sa fille Amandine, 30 ans, s’est volatilisée ne laissant derrière elle qu’une porte grande ouverte, une boucle d’oreille tombée au sol et une paire de chaussures abandonnée dehors.​

​« Depuis, je vis un cauchemar éveillé, raconte la mère de famille anéantie par l’incertitude sur le sort de sa fille. J’ai repris le travail mais je regarde les autres vivre. Parfois je me couche dès que je rentre, je dors, je dors ». Pour ne plus échafauder des théories, folles ou lucides.

La victime et le suspect se connaissaient

Si cette discrète habitante de Roquecourbe, près de Castres dans le Tarn, sort aujourd’hui de son silence, c’est parce que l’enquête s’est accélérée. Vendredi, un « enfant du pays », qui travaillait comme maçon à l’époque près du domicile d’Amandine, a été mis en examen pour « enlèvement et séquestration » et placé en détention provisoire près de Toulouse.

Il s’agit d’un homme de 28 ans. « Quand Amandine s’occupait du comité des fêtes, il y était, raconte Monique Sire. Ils avaient plusieurs amis en commun et il leur arrivait de prendre l’apéritif ensemble », ajoute-t-elle, terrifiée à l’idée que sa fille ait pu « être en confiance » avec le responsable présumé de sa disparition.

Le mis en cause nie les faits

Le parquet parle « d’indices graves et concordants » à l’encontre du kidnappeur présumé. Pierre Debuisson, l’avocat de la famille d’Amandine Estrabaud, qui a mené des « investigations personnelles », rejoint l’avis des gendarmes chargés de l’enquête. « Je suis persuadé de sa culpabilité. Maintenant, il faut qu’il libère sa conscience », dit-il. Car le mis en cause, déjà interrogé en 2014, nie les faits.

« Qu’il parle et qu’on sache enfin où est ma fille »

Mais il n’entame pas la conviction, acquise de longue date, de la famille de la disparue. « Qu’il parle et qu’on sache enfin où est ma fille, que je puisse la récupérer et faire les choses décemment même si l’irréparable a été commis », enjoint Monique. Même si, elle en est persuadée, elle restera « à côté de [ses] pompes tout le reste de [sa] vie », elle a besoin de la vérité pour entamer son deuil.