Cinq choses à savoir 30 ans après le premier satellite français d'observation de la Terre
ESPACE•Le 22 février 1986, le premier satellite français d’observation de la Terre, SPOT, était lancé. Depuis des millions d’images ont été prises et de multiples applications ont vu le jour…Béatrice Colin
Il y a encore 30 ans, cela paraissait impensable pour le commun des mortels de voir un jour sa maison prise en photo par satellite. Aujourd’hui, se promener autour de la planète grâce à ces images est à la portée de tous.
Une petite révolution grâce, notamment, à l’aventure du programme Satellites pour l’observation de la Terre (SPOT), lancé le 22 février 1986. Depuis, les données récoltées permettent de suivre l’évolution de la végétation ou encore d’aider lors des grandes catastrophes.
« 30 ans d’observation de la Terre par satellite - Cité de l’Espace https ://t.co/Q3qaTepDG9 exposition et une conférence @CiteEspace @CNES — Florence SEROUSSI (@florencseroussi) February 19, 2016 »
SPOT 1, prouesse technologique
Lorsque SPOT 1 est lancé, il existe un seul satellite américain d’observation de la Terre : Landsat, dont la résolution est à 80 mètres. Initié en 1977 par la France, soutenue uniquement par la Suède et la Belgique, le programme SPOT vise une résolution de 10 mètres, et au lieu de passer tous les 18 jours au-dessus du même site, il le survole tous les 5 jours.
Il permettra surtout à la France de devenir indépendante et « d’acquérir une autonomie d’observation de tout ce qui se passe dans le monde, ce qui a son importance notamment lors de conflits comme la guerre en Irak », explique Bernard Cabrières, sous-directeur opérations au Cnes de Toulouse. SPOT signe aussi l’avènement d’une filière spatiale, notamment dans la Ville rose.
30 millions d’images en stock
Depuis la photo du djebel Amour, ce site montagneux de l’Atlas saharien prise par SPOT 1 en février 1986 et réceptionné par le Centre spatial de Toulouse, plus de 30 millions d’images ont été collectées par la famille des satellites SPOT. Aujourd’hui, chaque satellite du système Pléiades peut fournir jusqu’à 600 images par jour.
Djebel Amour, situé dans l’Atlas saharien, la première image de Spot 1,
prise en 1986 - CNES, 1986 - Distribution Airbus DS
Grâce à deux images prises à des années d’intervalles, on peut observer la mer d’Aral réduite à peau de chagrin, mais aussi des prises de vues comme cette fumée qui s’échappe au-dessus du World Trade Center, le 11 septembre 2001. Une exposition retrace ces grandes découvertes, du 22 au 24 février à la Cité de l’Espace.
Des images à la portée de tous
Dès le début, les Européens ont décidé de faire partager leurs images au plus grand nombre. Partenaire depuis le début du Cnes, l’IGN permet au grand public de les consulter sur Géoportail.
Mais au-delà du citoyen lambda, les images prises par SPOT 1 et ses descendants ont été commercialisés dans le monde entier grâce à la société SPOT Images. Aujourd’hui, ses clients peuvent programmer les satellites 24h/24 et avoir un service sur mesure.
Un œil sur les catastrophes et les changements climatiques
« Dès qu’il y a une alerte, on peut recalibrer les satellites et assister les services de sécurité civile qui peuvent ainsi piloter les secours, leur fournir des visuels avant et après ou les aider à circuler lors des inondations », relève Bernard Cabrières du Centre spatial de Toulouse.
Les applications sont aujourd’hui multiples : du téléguidage des tracteurs pour la répartition des engrais à la détection des endroits où la végétation est malade. Cela joue un rôle important dans la prise de conscience du changement climatique. Elles ont permis de mettre des images sur la fonte des glaciers ou encore les premières îles menacées par la montée des eaux, comme Les Kiribati.
De 10 m de résolution en 1986 à 25 cm en 2020
SPOT 1 avait une résolution de 10 mètres, SPOT 5, lancé en 2002, l'a réduit à 2,5 mètres. Aujourd’hui, avec Pléiades, elle est de 70 centimètres. THR-NG, le satellite civil et militaire en cours de préparation par les équipes du CNES et qui devrait être lancé en 2020, aura une résolution de 25 centimètres. Ce qui permettra de faire encore avancer les connaissances en matière de cartographie urbaine.
Simulation de la place du Capitole avec le futur satellite d’observation THR-NG
qui doit être lancé en 2020. - CNES, 2015