SCIENCEToulouse: Des chercheurs ont percé le secret de l'intelligence des abeilles

Toulouse: Des chercheurs ont percé le secret de l'intelligence des abeilles

SCIENCEElles étonnent par leur capacité à résoudre des problèmes complexes. Des scientifiques savent désormais pourquoi les abeilles sont si cérébrales…
Hélène Ménal

Hélène Ménal

Ce n’est pas un mystère, les abeilles font preuve d’une organisation et d’une mémoire bien supérieures à la plupart des autres insectes. Elles résolvent parfois des problèmes complexes voire des ambiguïtés. Une capacité dont les scientifiques ont longtemps cru qu’il était l’apanage des primates ou mammifères.

Gros dilemme

A Toulouse, des chercheurs du Centre de recherche sur la cognition animale (Université Paul-Sabatier-CNRS), se sont mis en tête d’identifier la source de ces super-pouvoirs. L’équipe de Martin Giurfa et Jean-Marc Devaud a décidé de mettre ses abeilles devant un vrai dilemme. En utilisant un cas pratique de butinage basé sur deux parfums de fleur. Les scientifiques ont récompensé les abeilles d’une gouttelette de sucre quand elles sortaient leur « trompe » pour butiner les deux odeurs séparément, mais pas lorsque celles-ci étaient mélangées. Et elles ont rapidement compris qu’il était inutile de s’intéresser au mélange. « En dix, quinze essais, c’était acquis », assure Jean-Marc Devaud.

Un « centre d’apprentissage » vulnérable aux pesticides

La même expérience a été conduite en anesthésiant une zone précise du cerveau des butineuses : « les corps pédonculés » en forme de champignons. Et, là, ça a été la Bérézina. « Cela nous prouve, souligne le chercheur, que malgré leur tout petit cerveau, elles sont capables comme l’homme, pour effectuer des tâches complexes, d’activer d’autres connexions neuronales que celles utilisées pour les tâches ordinaires ».


Le cerveau d’une abeille en vue frontale. Avec, en rouge, les fameux corps pédonculés. - Université libre de Berlin.


Et leur centre d’apprentissage se trouve donc dans ces fameux et minuscules corps champignons dont les mécanismes ouvrent des perspectives pour la robotique, en matière d’intelligence artificielle.

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La découverte publiée par les Toulousains, en collaboration avec l’Université libre de Berlin, confirme aussi un danger écologique majeur. « Nous savons grâce à d’autres chercheurs que ces zones, aussi utilisées par les abeilles pour la mémorisation, sont particulièrement vulnérables aux pesticides », pointe Jean-Marc Devaud. Abuser de ces produits, c’est donc tout simplement les abrutir et les priver de leur discernement lors des sorties de ravitaillement.