Toulouse: Des étudiants se piquent de sauver les abeilles
SCIENCES•Onze étudiants toulousains participent à un prestigieux concours international de biologie synthétique. Ils vont tendre un piège au varroa, un parasite mortel pour les abeilles...Hélène Ménal
Ils ont préféré leur paillasse à leur serviette de plage. Onze étudiants, issus de l’université Paul-Sabatier et de l’Insa, vont passer l’été sur le campus de sciences de Toulouse, penchés sur leurs microscopes.
C’est le prix à payer pour participer fin septembre au concours iGem (pour International Genetically Enginerres Machine), une compétition internationale de biologie synthétique organisée par le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston.
Acarien vicieux et dodu
Et les membres de l’iGEM Toulouse 2015 montent au front avec une certaine pression. L’équipe 2014, avec son idée de vaccin biologique pour protéger les platanes du Canal du Midi contre le chancre coloré, un vrai serial killer, avait ramené non seulement la médaille d’or du concours mais aussi le « prix de la meilleure approche expérimentale ».
Ils veulent sauver les platanes du Canal du Midi et ça vaut de l’or
Pour succéder dignement aux « sauveurs de platanes », l’équipe 2015 a longtemps butiné. Elle a pensé un temps à programmer une protéine pour dessaler l’eau de mer, avant de lancer la chasse au varroa. Cet acarien, dont la femelle est dodue, est la deuxième cause de mortalité des abeilles dans le monde et a fortiori dans la région. Vicieux, il voyage sur les insectes pour infester d’autres.
L’équipe iGEM Toulouse 2015. - iGEM Toulouse
« Le but du projet ApiColi est de l’empêcher de rentrer », explique Benoît Pons, le porte-parole de l’équipe. Pour cela, les Toulousains envisagent de « reprogrammer une bactérie d’Escherichia coli ». Et de la transformer en piège. « Nous voulons qu’elle produise de l’acide butyrique le jour pour attirer les varroas et de l’acide formique la nuit pour les détruire », résume l’étudiant.
Une opération de crowdfunding
La bactérie piégée serait placée sous une grille à l’entrée de la ruche pour « aimanter » les acariens au passage des abeilles. Pour l’heure, les étudiants rapatrient des quatre coins de monde des « bouts d’ADN » pour programmer leur bactérie.
L’autre mission qui les occupe est la recherche des sponsors et subventions. Il leur faut 55.000 euros pour mener à bien ApiColi et être sûrs de partir à onze défendre le projet à Boston. Ils espèrent aussi piquer la curiosité de généreux internautes sur la plateforme de crowdfunding Ulule.