Midi-Pyrénées: Irréductibles, les couteliers de Laguiole défendent leurs frontières
ECONOMIE•Les fabricants aveyronnais des célèbres couteaux veulent que la nouvelle « indication géographique » (IG) soit restreinte aux abords de leur village…H.M. avec AFP
Ils aiguisent leur argumentaire. Les couteliers de Laguiole (Aveyron) se réjouissent qu’une « indication géographique » puisse bientôt valoriser leur savoir-faire ancien, mais demandent qu’elle soit restreinte à leur village, et à un rayon de 20 kilomètres autour.
Un décret vient en effet d’officialiser L'« Indication géographique » (IG) permettant désormais protéger des produits manufacturés qui possèdent des qualités, une notoriété ou des caractéristiques liées à leur lieu d’origine.
« Les produits artisanaux ont enfin leur indication géographique, stop Laguiole et Cie ! http://t.co/0ggDGvkc25 via @localtis — Jean-LuK (@jlukphoto) June 4, 2015 »
Mais « nous disons attention, il faut que cela corresponde bien à une réalité territoriale sinon ça ne sert à rien de faire des IG », avertit Thierry Moysset, président du syndicat des couteliers laguiolais qui réunit huit entreprises.
La métaphore du Camenbert
Il vise notamment les nombreux couteliers de Thiers (Puy-de-Dôme) qui « voudraient être intégrés dans l’IG Laguiole ». « Mais c’est comme s’ils étaient fromagers dans le Cantal et voulaient bénéficier de l’appellation d’origine protégée (AOP) Camembert de Normandie… »
Actuellement, des couteaux Laguiole sont fabriqués à Laguiole et à Thiers mais aussi dans le Tarn, la Drôme, en Bretagne, en Allemagne, en Chine, au Pakistan, etc. énumère l’entrepreneur.
Plusieurs fronts
La loi de mars 2014 qui a créé les IG ne change d’ailleurs rien au fait que les couteaux fabriqués ailleurs qu’à Laguiole puissent toujours être commercialisés comme « Laguiole », y compris s’ils sont faits en Asie pour 3 euros. Car le nom « Laguiole » est considéré comme descriptif d’une certaine forme de couteau qui, à ce titre, est commercialisable par toute entreprise, selon une décision de la cour d’appel de Paris.
Le propriétaire de la marque Laguiole, fine lame des affaires, sûr de son bon droit
Le village de 1.200 habitants reste aussi toujours en guerre judiciaire contre un habitant du Val-de-Marne, Gilbert Szajner, qui avait déposé en 1993 la marque « Laguiole » pour 38 classes de produits - le plus souvent importés - et empêche depuis la commune et ses industriels de vendre autre chose que des couteaux sous ce nom.