Toulouse: Les voitures mettent une roue sur un itinéraire réservé aux bus
TRANSPORTS•La mairie a décidé d'ouvrir la liaison multimodale sud-est (LMSE) au trafic automobile entre Saint-Orens et le campus scientifique de Rangueil. Des associations veulent attaquer en justice...Hélène Ménal
La Liaison multimodale sud-est (LMSE), ce ruban de bitume qui enjambe la rocade en reliant Saint-Orens au terminus de la ligne B à Ramonville, via Montaudran Aérospace et le campus scientifique de Rangueil, épouse les évolutions de la politique toulousaine.
Un pas en avant, un pas en arrière
Ce projet, devenu réalité pour 66 millions d'euros et inauguré en mars 2013, a été imaginé il y a plus d'une décennie par Jean-Luc Moudenc (UMP). Il devait comporter des couloirs de bus en site propre mais aussi deux voies pour les voitures (une dans chaque sens), au grand dam de plusieurs associations environnementales, comme Veracruz, celle du campus universitaire.
Lors de sa campagne municipale victorieuse de 2008, Pierre Cohen (PS) avait promis de supprimer les voies dédiées aux autos. Il a tenu son engagement.
Portion de la LMSE qui doit être ouverte au trafic automobile. - Google Maps
Mais lors de sa campagne victorieuse de 2014, Jean-Luc Moudenc s'est engagé à ouvrir la LMSE au trafic automobile. Et lui aussi va tenir parole : le 9 avril les élus de Toulouse Métropole doivent voter une nouvelle délibération allant dans ce sens. «J'ai demandé une étude à un cabinet indépendant. Elle démontre que cette mesure va mieux répartir le trafic et le diminuer de moitié sur l'avenue Edouard-Belin, qui est quasiment le seul accès au campus scientifique et quasiment asphyxiée», justifie Jean-Michel Lattes (UDI), vice-président de Toulouse Métropole chargé des transports et des déplacements. «La priorité aux bus reste, tout comme la piste cyclable», ajoute celui qui prévoit la bascule pour juillet 2016, moyennant 1,8 million d'euros d'aménagements.
Un protocole dans la manche des opposants
A moins, à moins... que la justice s'en mêle. Car trois associations - 2 pieds 2 roues, Veracruz et les Amis de La Terre - sont vent debout contre ce nouveau retournement de situation. «Ce sont plus 15.000 véhicules par jour que tous ceux qui travaillent et vivent sur le campus spatial auront "le plaisir" de voir défiler sous leurs fenêtres et qui viendront saturer le quartier universitaire de Rangueil», dénoncent-elles.
« A propos de LMSE, Toulouse Métropole s'apprête à s’asseoir sur le protocole transactionnel qu'ils ont signé et... http://t.co/FkbC6000zY — 2 Pieds 2 Roues Tlse (@2Pieds2Roues) March 6, 2015 »
Surtout, ces trois associations ont dans leur manche un protocole signé en 2008 avec Toulouse Métropole. Un document qui stipule que le pont au-dessus de la rocade est «exclusivement» réservé aux transports en commun et aux modes doux. Les trois mouches du coche annoncent leur intention «de saisir les tribunaux» pour faire respecter cette clause. «Il y aura une nouvelle délibération et la justice fera son œuvre», répond sereinement Jean-Michel Lattes.