Les commerçants du centre-ville de Toulouse sont incollables sur les blogs zadistes et guettent fébrilement sur la toile tous les rebondissements de cette semaine annoncée comme cruciale du côté de Sivens (Tarn).

Après cinq manifestations liées au projet de barrage depuis le mois de novembre, la dernière se soldant par 23 vitrines cassées le 21 février, ils sont devenus des pros du pistage des zadistes (de ZAD, zone d'aménagement différé).«Nous avons remonté les messages et nous sommes arrivés à la conclusion que les débordements étaient prévisibles», assure Philippe Léon, le président de la Fédération des commerçants de l'hyper centre-ville.

«Dévier les parcours»

A force de fréquenter les zadistes sur Internet, lui et ses collègues manient désormais, dans un pied de nez, le même vocabulaire. «L'hyper-centre de de Toulouse est devenu (...) une Zone à défendre (ZAD)», écrit la fédération dans un courrier adressé vendredi soir à Pascal Mailhos, le préfet de la Haute-Garonne.

Nostalgique des bonnes vieilles manifs de boulevards, elle demande tout bonnement au représentant de l'Etat de «dévier systématiquement [les manifestations] sur une zone n'affectant pas le commerce du centre-ville».

L'idée de l'autodéfense avancée

A la fin du courrier, le ton est même plus menaçant: «Dans l'avenir, si vous et vos services n'étiez pas en mesure d'assurer la sécurité de nos biens et de nos clients, nous serions contraints de nous organiser pour défendre la ZAD (...) contre toute agression extérieure», est-il écrit.

«Mais ça n'arrivera pas parce qu'il est tout simplement inenvisageable de laisser un nouveau cortège passer», tempère Philippe Léon. La préfecture ne commente pas. Elle indique en revanche que, pour l'heure, aucune manifestation en lien avec Sivens n'est déclarée pour samedi. Mais la semaine promet d'être longue sur le front tarnais.