VIDEO. Toulouse: Trois jours dans une baignoire à la clinique spatiale
SCIENCE•Douze Toulousains ont participé à la dernière étude menée par la clinique spatiale du Medes pour tester les effets de l'impesanteur...Béatrice Colin
Gaël Germain a passé trois jours allongé, scruté sous toutes les coutures. Et tout ça pour la science. Cet électricien toulousain de 34 ans est l'un des douze volontaires participant à la dernière étude sur les effets physiologiques de l'impesanteur menée par le CNES et la clinique spatiale du Medes, implantée sur le site du CHU Rangueil.
Plongé dans une baignoire durant trois jours
L'expérience, qui a duré un mois, s'achève ce jeudi. Ces habitants de l'agglomération, âgés de 20 à 45 ans et en bonne santé, ont subi une batterie de tests et, pour la première fois en Europe, expérimenté une méthode de simulation de la microgravité appelée «l'immersion sèche».
Importée de Russie, cette démarche scientifique consiste à les plonger durant trois jours dans une baignoire remplie d'eau à 33°C, une toile imperméable les séparant du liquide. Les cobayes flottent, comme s'ils étaient dans la Station spatiale internationale (ISS).
Il ne s'agit pas du dernier supplice moyenâgeux en vogue, mais bien d'un moyen de faire avancer la recherche, de connaître l'impact sur les muscles, les os ou encore le cœur de l'impesanteur. Internet, lecture, télé... les cobayes sont plutôt bien logés.
Plusieurs études BedRest
«Je ne me suis pas ennuyé, le personnel était aux petits soins, des professionnels étaient à l'écoute de notre ressenti. A la sortie des trois jours, on se sent lessivé, l'équilibre est instable, mais on en sait plus sur la recherche, ça m'a permis de comprendre plein de choses sur le métabolisme», raconte Gaël Germain pas peu fier d'avoir participé à cette première.
La clinique spatiale n'en est pas son coup d'essai. A plusieurs reprises, le Medes a réalisé des études où les volontaires étaient allongés dans des lits, la tête inclinée à 6° vers le bas.
Mais comparé à ces Bed Rest, «l'immersion sèche permet des modifications plus intenses et plus rapides, notamment en terme cardio-vasculaire. Comme ils sont inactifs durant trois jours, lorsqu'on leur fait subir un test accroupi-levé après leur immersion, ils ont plus de mal à récupérer», relève Marie-Pierre Bareille, coordinatrice de l'étude.
Etablir des contre-mesures pour les astronautes
Une fois les données traitées, son équipe pourra élaborer des contre-mesures qui seront mises en place dans l'espace. Mais qui peuvent aussi servir sur le plancher des vaches. Notamment sur la compréhension sur certaines maladies de notre siècle.
«Les volontaires subissent une résistance au rôle de l'insuline, comme un état pré-diabétique, or cette maladie métabolique est de plus en plus fréquente dans nos sociétés où l'inactivité se développe», relève Marie-Pierre Bareille.
L'an prochain, une nouvelle étude débutera au Medes... pour 60 jours allongé sur un lit, la tête en bas.