ECONOMIEToulouse: Riverains et écologistes veulent annuler la vente de l'aéroport aux Chinois

Toulouse: Riverains et écologistes veulent annuler la vente de l'aéroport aux Chinois

ECONOMIEChez les riverains et sur la gauche de l'échiquier politique, la privatisation et l'arrivée des Chinois ne passent pas...
Hélène Ménal

Hélène Ménal

Alors que la plupart des élus prennent acte, avec vigilance, de la décision de l'Etat et réfléchissent à la meilleure stratégie pour négocier avec le nouvel actionnaire chinois (49,99 % des parts) de l'Aéroport Toulouse-Blagnac, d'autres prennent moins de pincettes.

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Une décision qui fait «honte» aux riverains

Les plus furieux, mais aussi les plus concernés, sont les riverains. Le Collectif contre les nuisances aériennes de l'agglomération toulousaine, qui a bien noté que l'actionnaire promettait un accroissement du trafic aérien, parle du bonnement de «honte». «Honte à l'Etat qui vend une grande part de la gestion de l'aéroport à un consortium opaque. Honte aux élus qui ont protesté avec une telle mollesse qu'ils ont été inaudibles (...) Honte à ceux qui n'ont pas tiré les leçon de la gestion à la chinoise du port du Pirée », s'emporte le collectif dans un communiqué.

Il en appelle aux syndicats, aux citoyens et aux associations environnementales pour «peser de toutes leurs forces unies sur le gouvernement afin qu'il revienne sur cette décision».

La gauche de la gauche écume

Les élus Europe écologie-les Verts (EELV) sont sur la même ligne. Ils redemandent la suspension de la procédure. «Notre ville ne doit pas être un laboratoire de la privatisation. L'entrée de ce consortium semble annoncer - comme l'a souhaité Jean-Luc Moudenc [le maire UMP de Toulouse] - d'autres participations de fonds chinois sur des équipements publics comme par exemple le Parc des Expositions», s'inquiète notamment le conseiller régional écologiste François Simon.

Pour les élus communistes de Toulouse Métropole, la question n'est pas tant la nationalité de l'acheteur, mais la privatisation en elle-même. «C'est se priver d'argent à court terme, c'est ne plus maîtriser un équipement public qui joue un rôle d'aménagement du territoire, c'est laisser libre cours aux nuisances aériennes», assure leur président de groupe Pierre Lacaze.

Des citoyens sceptiques

Sur les réseaux sociaux, beaucoup ironisent sur cet investisseur lointain.

«  #AeroportToulouseBlagnac Bientôt les avions voleront à la baguette — charasse evelyne (@BleueEvelyne) December 5, 2014 »

Et puis il y a les 8.500 citoyens français et toulousains qui a travers le site de crowfunding WiSEED, ont fait 18 millions d'euros de promesses de financement pour être, eux aussi, actionnaires. «Je ne vois pas un grand groupe industriel investir 300 millions d'euros sans avoir l'assurance d'être maître à bord», confie Thierry Merquiol, le patron de WiSEED. Il n'a pas abandonné l'idée de faire un tour de piste. L'information circule que le consortium chinois est prêt à ventre à un «partenaire français» 16 % de ses parts nouvellement acquises. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.