Toulouse: La convention «Entreprises et quartiers» crée des emplois
SOCIETE•Le groupe Carrefour s'engage à recruter dans les zones urbaines sensibles de l'agglomération. D'autres entreprises devraient suivre...Hélène Ménal
A 30 ans, Moufida commençait à douter de ses propres capacités. Malgré son Bac et ses deux années de fac, cette mère de famille de Bellefontaine vivotait de petits contrats en entretiens infructueux. «J’habite dans le 31100, je suis d’origine algérienne. Je suis persuadée que ce sont des critères qui jouent dans le mauvais sens», dit-elle. Mais pas toujours.
Patients et motivés
En octobre 2013, au détour d’un forum pour l’emploi organisé dans son quartier, elle croise les recruteurs de l’enseigne Carrefour qui, désormais, privilégie les entretiens par simulation aux CV. Entrée comme hôtesse de caisse au Carrefour Market de Saint-Michel, la voilà, un CDI plus tard, hôtesse d’accueil, goûtant sa nouvelle «sécurité financière». Quant à Marjorie Dalbin, sa directrice, elle ne regrette pas son recrutement. Les nouveaux salariés issus des quartiers savent s’y prendre avec certains clients difficiles. Ils sont très patients et motivés», relève-t-elle.
Bientôt Auchan et Veolia
Cette formule devrait fructifier puisque depuis lundi Carrefour est la première société du département à signer avec la préfecture une convention «Entreprises et quartiers». Le groupe s’y engage à favoriser le développement économique et social des quartiers prioritaires». Par des recrutements mais aussi des visites d’entrepôts ou des découvertes des métiers de la grande distribution pour les collégiens.
«Il y a une urgence particulière dans ces quartiers où le taux de chômage est trois fois supérieur que dans le reste de Toulouse. Notre mobilisation ne peut aboutir que si le secteur privé s’investit», souligne Jean-Luc Moudenc (UMP), le maire, qui espère « que la concurrence va jouer ». Et c’est le cas puisqu’Auchan, Veolia Propreté ou La Poste envisagent de signer à leur tour la convention. Elle prévoit aussi des actions de parrainage de demandeurs d’emploi issus des quartiers prioritaires. Un accompagnement « solidaire » auquel le préfet, Pascal Mailhos, croit beaucoup, persuadé que les jeunes des quartiers manquent surtout de réseau. Il s’engage d’ailleurs à parrainer lui-même un chômeur.