Toulouse: Les étudiants de Sciences-Po lancent une pétition photographique
INSOLITE•Des élèves de l'IEP ont décidé de donner leur avis d'une manière originale sur le projet de déménagement de leur établissement...Béatrice Colin
«Le déménagement c'est maintenant». Ce slogan détourné, une étudiante de l'Institut d'études politiques de Toulouse l'a brandi devant elle lors d'une séance photo organisée il y a une semaine.
A l'instar d'une centaine d'autres élèves de l'établissement de la rue des Puits-Creusés, elle a décidé de participer à une pétition photographique lancée en septembre par Art&Fact et inspirée d'Inside Out Project initié par l'artiste français JR. Créée par des 4e année de Sciences-Po en 2013, cette association aborde les questions de politique grâce à la culture.
Exposition en vue
L'avortement au cœur de l'été du projet de construction de nouveaux bâtiments au quai Saint-Pierre était un sujet de travail tout trouvé en cette rentrée. «Cela fait cinq ans que nous sommes ici et cinq ans qu'on nous promet de nouveaux locaux. Aujourd'hui, dans les bâtiments actuels, les conditions sont loin d'être géniales. On a du vent en hiver, des stores qui ne se lèvent plus... là il y avait une porte de sortie», relève Mathurin Laurin, un des élèves à l'initiative du projet qui pourrait bientôt être exposé sur les murs de Sciences-Po.
Relayée sur Facebook, la pétition a fédéré, mais aussi suscité le débat. «Certains nous ont dit que nous dégradions l'image de l'IEP. Ce n'est pas l'objectif, les gens en ont tout simplement profité pour exprimer leurs sentiments car ils n'ont pas tous les jours les moyens de se faire entendre, dire qu'ils veulent étudier dans des locaux convenables. Nous leur avons juste donné le moyen de communiquer», estime Laurine Maruszak, une des membres d'Art&Fact.
Au milieu des réactions des politiques et universitaires, on avait peu entendu les étudiants. Même si un slogan et une photo ne disent pas tout, certains ont fait passer leur message en redonnant une nouvelle signification aux trois lettres d'IEP... pour «Institut Eblouissant de Précarité» ou «Institut En Perdition», d'autres préfèrent une version «Sciences Pôvres» ou «Sciences peau sur les os».
«Légitime qu'ils se fassent entendre»
Mais au-delà des jeux de mots, Laurine veut avant tout que son établissement puisse continuer à accueillir des événements qui participent à a renommée, «que la vie de l'IEP ne s'essouffle pas à cause du lieu dégradé».
Et ce n'est pas Philippe Raimbault, le directeur de Sciences-Po qui la contredira. Lui qui s'était mobilisé pour voir aboutir la construction d'un bâtiment au quai Saint-Pierre, trouve l'idée d'une pétition photographique «originale sur la forme». Et il estime «légitime que les étudiants puissent aussi se faire entendre, c'est leur réponse à ce qui s'est passé cet été».