INITIATIVEToulouse: Elles accouchent à la clinique comme à la maison

Toulouse: Elles accouchent à la clinique comme à la maison

INITIATIVEUne nouvelle structure entre l'accouchement à domicile et les salles d'accouchement médicalisées...
Béatrice Colin

Béatrice Colin

Lou a vu le jour le 14 juillet au soir, dans l'eau et sous les étoiles. Sa maman Charlotte Chambert n'a pas accouché en plein air, mais à la clinique Saint-Jean-Languedoc, au sein de la première maison d'accouchement physiologique de Midi-Pyrénées baptisée «le Temps de naître».

Ici pas de moniteur, de péridurale, ni de goutte-à-goutte mais des couleurs chatoyantes et un mobilier design. La salle est équipée d'une baignoire, d'un lit et d'une table avec, en contigü, un petit appartement où l'on peut déambuler, se reposer et même fêter l'arrivée du bébé. On est loin des salles blanches aseptisées, le côté médical de l'accouchement a presque disparu.

«C'est un peu comme à la maison. La future maman est entourée de sa famille et de la sage-femme libérale qui la suit depuis le début de sa grossesse. S'il y a le moindre problème, il suffit de pousser la porte pour être prise en charge par les équipes médicales», explique Maylis Guiguen, directrice de la clinique qui a investi 350.000 euros.

Un compromis alliant cocooning et sécurité

Et c'est bien ce qui a séduit Charlotte. «Je voulais pouvoir accoucher le plus naturellement possible et être suivie tout au long de ma grossesse par la même sage-femme. Je ne souhaitais pas non plus accoucher à la maison, je voulais être en sécurité», explique la jeune femme de 28 ans.

Ses premières contractions, elle les a eues devant la finale de la Coupe du Monde de foot. Le lendemain, elle a pris rendez-vous avec sa sage-femme à la clinique. Et durant les dix heures de travail, elle a tout testé, le lit, la table, les rubans auxquels on peut s'accrocher, s'étirer sur un fond de musique douce qu'elle avait amené. Finalement, c'est dans l'eau chaude de la baignoire qu'elle était le mieux. Deux mois plus tard, elle reste ravie d'avoir opté pour cette solution.

Un compromis dans l'air du temps

Un sentiment partagé par Karine Loupias-Rodriguez, l'une des deux sages-femmes libérales à officier dans cette maison d'un genre nouveau. « C'est extrêmement agréable car nous avons le temps de faire notre travail. Là où dans une clinique une sage-femme suit trois patientes en même temps, nous en suivons une seule», explique cette spécialiste pour qui cette nouvelle offre est une solution intermédiaire entre l'accouchement à la maison et celui plus classique en maternité.

Un compromis de plus en plus dans l'air du temps. Après celle de Bordeaux, cette structure est la deuxième du type à voir le jour en France. Et d'autres sont en préparation, sous la forme de simples chambres. Du coup, le réseau de périnatalité de Midi-Pyrénées (Matermip), qui regroupe l'ensemble des maternités privées et publiques et les professionnels du secteur, a décidé de travailler sur des recommandations.

Elaboration de recommandations

«Si un certain nombre de femmes ont décidé d'accoucher à la maison c'est parce que pour elle c'est devenu trop technique et cela ne correspond pas à leur choix. Mais c'est dangereux pour la mère et l'enfant avec des accidents relativement plus fréquents. Il faut donc améliorer la prise en charge, et ces maisons répondent à la demande d'un certain nombre de patientes», avance Jean Thevenot, le président du Réseau et par ailleurs du conseil départemental de l'Ordre des médecins de Haute-Garonne.

Depuis la naissance de Lou le 14 juillet, quatre autres bébés ont vu le jour à la maison «Le temps de naître», dont un par césarienne dans le bloc de la maternité. La clinique réalise chaque année 800 accouchements, dont 80% sous péridurale. Elle espère voir naître dans cette nouvelle structure 200 bébés chaque année.