POLEMIQUEToulouse: Sciences-Po à quai et sans port d'attache

Toulouse: Sciences-Po à quai et sans port d'attache

POLEMIQUEL’installation de Sciences-Po au quai Saint-Pierre annulée après un accord entre l’Université Toulouse1-Capitole et la mairie…
Béatrice Colin

Béatrice Colin

Les dindons de la farce, la cinquième roue du carrosse… les expressions ne manquent pas pour qualifier ce que ressentaient ce jeudi les membres de la communauté éducative de Sciences-Po Toulouse. Tout est parti d’un coup de fil passé la veille au soir par le président de l’Université Toulouse 1-Capitole, Bruno Sire, au directeur de l’Institut d’études politiques, Philippe Raimbault, au cours duquel il lui a expliqué que le projet de déménagement de Sciences Po au quai Saint-Pierre n’était plus d’actualité. Pourtant, les premiers coups de pioche devaient avoir lieu d’ici à la fin du mois d’août. Une décision prise lors d’une réunion en présence du maire de Toulouse, du préfet, de la rectrice et à laquelle Philippe Raimbault n’avait pas été convié.

910.000 euros déjà dépensés

«Sur le fond et sur la forme c’est consternant. Nous n’avons pas été conviés à cette réunion ce qui dénote d’un manque de considération pour notre établissement. Ce projet était avancé, nous y travaillons depuis trois ans et 910.000 euros d’argent public ont déjà été dépensés. Pour moi il subsiste une interrogation sur l’endroit où nous serons installés à la rentrée 2016, car l’autorisation d’exploiter ce bâtiment vétuste court jusqu’à cette date-là», explique le directeur de Sciences-Po, dépité par la nouvelle.

Cette décision de l’Université, chargée du relogement de l’IEP, fait suite à un avis défavorable au permis de construire émis par le maire UMP de Toulouse. Pour Jean-Luc Moudenc, le projet architectural ne s’insérait pas dans son environnement patrimonial. Il répondait ainsi aux attentes de riverains opposés depuis plus d’un an à cette installation. Et comme la communauté urbaine qu’il préside est propriétaire des bâtiments du quai Saint-Pierre où devait s’installer Sciences-Po, pour éviter les écueils administratifs, Bruno Sire a décidé de négocier.

Extension sur le parking de la Cité administrative

D’autant qu’en échange, il récupère un terrain qu’il convoitait de longue date… celui du parking de la Cité Administrative qui jouxte l’Arsenal. Depuis des années, l’Université rêve d’y construire des équipements sportifs et d’étendre ainsi son campus. Mais l’Etat n’était prêt jusqu’à présent qu’à lui céder un quart du site. Elle va donc maintenant pouvoir «y construire des amphithéâtres et des salles de cours qui serviront à héberger les enseignements de l’IEP, dans l’attente d’une solution pérenne de relogement de l’IEP. Ce programme immobilier se fera en partenariat avec la cité administrative pour assurer aux agents de l’État, sous forme de parking couvert, le même nombre de places de stationnement que le parking actuel. Ces nouveaux locaux permettront également de répondre aux besoins d’extension de l’IAE (NDLR: école de management de l’Université Toulouse 1 Capitole) dont l’attractivité croissante induit une augmentation significative de ses effectifs», indiquent dans un communiqué commun l’UT1-Capitole et la mairie. La collectivité a en effet indiqué qu’elle participerait au financement de ces nouveaux bâtiments en reversant la moitié du prix de la revente des bâtiments actuels du quai Saint-Pierre, acheté 4,8 millions d’euros par la communauté urbaine.

Et un, et deux, et trois déménagements

Mais il semble que le parking ne sera pas le point de chute de l’IEP. «Dès le déménagement de l’école d’économie dans ses nouveaux locaux, l’Université Toulouse Capitole assurera dans de bonnes conditions l’hébergement de l’IEP à la Manufacture des Tabacs. Et dans le même temps, l’Université s’engage à finaliser et mettre en œuvre une solution définitive de relogement de l’IEP dans des locaux adaptés à son projet pédagogique», expliquent la mairie et l’UT1. Un jeu de chaises musicales déploré par l’ancien maire de Toulouse, le socialiste Pierre Cohen. «C’est considérer l’IEP avec beaucoup de mépris, sans compter que ses responsables n’ont même pas la garantie d’avoir une solution pérenne», déplore l’élu d’opposition. Et sur les réseaux sociaux, les étudiants ne sont pas en reste pour critiquer la nouvelle. Certains réfléchissent déjà au meilleur moyen de faire du bruit, autre que les gazouillis de Twitter.

Retard pour le chantier de TSE

La Toulouse Schools of économics devait accueillir ses chercheurs dans ses nouveaux locaux près de Saint-Pierre-des-Cuisines en 2015. Mais les travaux de construction du bâtiment ont pris du retard et la TSE ne devrait quitter ses actuels bâtiments de la Manufacture des Tabacs qu’en 2016.