De la rouille et un champ magnétique. Ces armes peuvent paraître rudimentaires pour livrer bataille contre le cancer. Elles viennent pourtant d'être utilisées avec succès par une équipe de recherche de l'université Paul-Sabatier* en pointe dans le domaine des nanothérapies. «L'idée, explique Daniel Fourmy, directeur de recherche à l'Inserm, c'est de tuer les cellules cancéreuses de l'intérieur, à la manière d'un cheval de Troie.»

«30 % des cellules cancéreuses détruites»

Pour cela, l'équipe a mis au point une «clé» biologique capable d'ouvrir la porte des cellules malignes. Ce sésame est muni d'une charge, des nanoparticules d'oxyde de fer en l'occurrence, inoffensive pour l'organisme à faible dose. Une fois le dispositif embusqué en terrain ennemi, les cellules gorgées de rouille sont soumises à un champ magnétique, provoquant une surchauffe interne et finalement leur mort.

Pour l'instant, cette innovation thérapeutique qui a demandé quatre ans de travail a été testée en culture, sur des tumeurs endocrines du pancréas. «Nous sommes parvenus à détruire 30 % des cellules cancéreuses», indique Daniel Fourmy. En une seule fois. Ces résultats probants ont donné lieu à une publication dans une prestigieuse revue américaine dédiée aux nanotechnologies. L'espoir suscité est réel mais les applications médicales peuvent encore mettre plus d'une décennie à voir le jour. Pour l'heure, l'équipe toulousaine s'apprête à tester sa découverte sur des souris. Des cellules cancéreuses vont être d'abord transplantées sous leur peau. Puis, une fois qu'ils auront reçu leur injection de rouille, les rongeurs passeront le fameux test de l'aimant.