Immeuble en perdition
•Société Ils vivent dans un taudis et font une soirée portes ouvertesHélène Ménal
«Participation à la décoration de l'arbre aux poubelles, ou course-poursuite avec les rats.» Voilà un extrait du programme «inoubliable» que proposent ce lundi soir les locataires des Castalides, un immeuble du Mirail, pour leur soirée portes ouvertes*.
Décharge à ciel ouvert
Ils ont de l'humour. Ils n'ont même plus que ça. Ce collectif, que la mairie rachète petit à petit (lire encadré), paraît ordinaire en façade. En fait, c'est une enclave surréaliste de saleté et de délabrement, où les locataires survivent en éclairant les couloirs avec leurs téléphones, en évitant l'eau qui suinte des plafonds sur les fils électriques dénudés. Le clou, c'est la décharge à ciel ouvert à l'arrière : un amoncellement digne d'un pays du tiers-monde qui commence à empester avec l'arrivée de la chaleur. «Je ne peux plus ouvrir ma fenêtre, mon fils va tomber malade», raconte Simona, une jeune Rom. Un couloir noirci plus loin, Viorica fait le ménage car la rumeur court que la mairie va couper l'eau. «Il faut absolument reloger les gens au plus vite», répète Larbi. Les habitants le surnomment «papa» et il fait partie de ceux qui ont décidé de faire visiter cet inconcevable «immeuble de la honte».