Le Routard pose ses valises
Tourisme Le célèbre guide des baroudeurs sort une version toulousaineHélène Ménal
Benoît Lucchini est un touriste plutôt enquiquinant. «Je suis du genre à vouloir occuper tout seul une table pour quatre dans un restaurant, et à demander à visiter les chambres à l'hôtel», avoue-t-il sans rougir. Et c'est en partie pour cette aptitude à pousser les professionnels du tourisme dans leurs retranchements qu'il travaille pour le célèbre Guide du Routard. Il a dirigé la petite équipe qui, des mois durant, a testé sans fléchir et incognito les bars, boîtes et balades de la Ville rose. Avec son agglomération et ses environs les plus pittoresques, elle fait donc son entrée dans la collection.
Retombées assurées
L'ouvrage a beau être en partie subventionné (lire encadré), Benoît Lucchini assure avoir travaillé «en toute liberté» dans cette métropole où rouler en «bagnole est une catastrophe». Les «pépites» dénichées part le Routard ont en général déjà pignon sur rue. Mais il peut aussi dépoussiérer un hôtel particulier que plus personne ne regarde ou encore pousser les «autochtones» à un improbable et moyenâgeux pique-nique à Clermont-Le-Fort.
Le guide touristique est aussi une manne non négligeable pour les commerçants qui ont la chance d'y figurer. «En moyenne, une mention dans le Routard amène 30 % de clientèle en plus», affirme Philippe Gloaguen, son cofondateur. Julien Dussol, le cogérant du Vélo Sentimental, un restaurant d'insertion du boulevard Bonrepos, n'a pas fait le calcul : «Il y a des clients qui viennent avec le guide, mais aussi ceux qui se décident quand ils voient le macaron sur la devanture». Et puis, en plus de remplir parfois le tiroir-caisse, le logo remplit de fierté. Philippe Merle, le patron de La Madeleine de Proust, rue Riquet, a deux ou trois «tables routards» sur quatorze quand les beaux jours arrivent. «C'est une clientèle avec qui on échange beaucoup et qui nous apprend beaucoup», souligne-t-il.