L'accordéon de nouveau dans le vent
Culture En plus de séduire les jeunes, l'instrument participe à la promotion de la culture occitaneÉric Dourel
En la voyant inspirer longuement, on pense au départ à une course d'obstacles. Pas du tout. Olga, 6 ans, nez en trompette et caractère bien trempé, s'apprête simplement à répéter son cours d'accordéon diatonique. Avec application. «Au début, dit-elle, j'ai commencé à chanter en occitan, et comme il y avait aussi des cours d'accordéon, je me suis dit que je pouvais en faire.»
Résultat, depuis six mois, elle tapote tous les jours sur son piano à bretelles. «Parfois, je ne sais pas quoi jouer, alors j'invente, j'ai vu ça dans la rue, c'est facile», ajoute la petite musicienne.
Ce n'est pas Marc Sérafini, gérant de la Boîte à Frissons qui la contredira : «Même si au final, c'est un instrument aussi difficile qu'un autre, rien qu'en appuyant sur un bouton, ça sonne juste». Cet inventeur, fabricant et réparateur d'accordéons vient d'inaugurer un nouvel atelier de fabrication au nord de la ville. Une partie de son local est dédiée à l'ébénisterie, l'autre aux petites mécaniques et à l'accordage. «On a une cinquantaine de commandes en permanence, précise l'artisan. Notre carnet est plein pour un an et demi.» Grâce à la Mano Negra, aux Négresses Vertes, grâce aussi aux fanfares de musiques d'Europe de l'Est et au renouveau des musiques traditionnelles, notamment occitanes, les dernières générations portent aujourd'hui un regard neuf sur cet instrument. «Avec 44 élèves, dont la moitié sont des jeunes, c'est un des cours où l'on dénombre le plus de monde. Juste après la danse. Cet instrument rencontre un véritable succès, et ça marche tellement bien que nous sommes obligés de refuser des gens», détaille Carole Sarasa, chargée de communication au centre occitan des musiques et danses traditionnelles, la plus importante structure d'apprentissage d'accordéon à Toulouse.
«Au début, ça m'a paru super-étrange que ma gamine ne préfère pas jouer d'un instrument plus rock'n'roll, témoigne Camille, mère de Liza, 11 ans, qui joue du diatonique depuis l'âge de 8 ans. Du coup, elle m'a fait découvrir les bals traditionnels et toute l'ambiance d'échange et de convivialité qui découle de cette culture.» Il semblerait que l'accordéon se soit enfin débarrassé de son image musette. «C'est quoi le musette ?», interroge Olga. ■