des paroles pour soigner les maux
société Son fils a été tué par Mohammed MerahBéatrice colin
Elle arbore un léger sourire, tout en dignité, dont elle essaie de ne pas se départir quand l'émotion la gagne. Comme elle l'avait promis, Latifa Ibn Ziaten, mère du premier militaire assassiné par Mohamed Merah, est revenue à Toulouse ce jeudi au nom de son association « Imad, pour la jeunesse et la paix ». Mais elle n'est pas retournée aux Izards, dans ce quartier qui a vu grandir le meurtrier de son fils et où elle avait pu constater il y a quelques mois qu'il était considéré par certains jeunes comme un « héros ». Son premier échange, elle l'a eu à quelques mètres de là, dans le quartier de la Vache. Autour de la table, des mères ont fait le déplacement pour la rencontrer. « Nous avons parlé de notre rôle, des difficultés que l'on peut rencontrer. Ce qu'elle dit est important », plaide l'une d'elles. « Nous sommes parents, nous devons élever nos enfants. Quand on voit qu'il n'est pas normal, on doit appeler au secours. Dans les quartiers les gens ont peur, mais ils ne doivent pas hésiter à demander de l'aide », assure Latifa Ibn Ziaten.
Échanges à Bagatelle vendredi
Des jeunes, elle a fini par en rencontrer, lors d'un débat à huis clos au lycée Raymond-Naves, là où d'anciens élèves d'Ozar Hatorah sont scolarisés. Ensemble ils ont parlé religion, foulard, guerre au Moyen-Orient. Et ils ont pleuré. « Ils m'ont demandé si j'avais de la haine, ce que j'aurai fait si Merah avait été vivant. Quand une jeune fille vous regarde et vous dit qu'après cette rencontre elle n'a plus le même regard qu'avant, ça me rassure et me donne de la force. Je vois en eux un soutien », plaide cette militante malgré elle. Ce vendredi, elle ira à la rencontre d'autres engagés, ceux du collectif des habitants de Bagatelle « Stop à la violence ». Elle s'est aussi jurée de retourner aux Izards, seule et sans média, pour mieux dialoguer.