Le béret, d’où sort ce mythe sur le style des Parisiens ?

Le béret, d’où sort ce mythe sur le style des Parisiens ?

ModeLe couvre-chef est fièrement porté par les touristes du monde entier, en hommage au « style français ». Mais au-delà d’Emily in Paris, d’où vient ce mythe du béret parisien, très peu porté par les locaux ?
Léa Zacsongo-Joseph

Léa Zacsongo-Joseph

L'essentiel

  • Le béret, d’abord porté par les bergers, les soldats et les sportifs, s’est popularisé en France dans les années 1930 grâce à Coco Chanel qui l’a utilisé comme accessoire de mode, puis il est devenu un symbole de la résistance française dans les années 1940.
  • Aujourd’hui, le béret est toujours porté par certains Parisiens, mais il est surtout devenu un accessoire stéréotypé des touristes.
  • Le mythe du béret parisien, véhiculé par le cinéma et la pop culture, semble loin de s’essouffler comme le montrent encore récemment des séries comme « Emily in Paris » ou des défilés de mode.

1, 2, 3, 4… Ces chapeaux ronds se baladent partout près des attractions touristiques de Paris : les bérets sont vraiment incontournables ! Et ce n’est pas une nouveauté, ce couvre-chef associé au chic à la française, ne semble jamais se démoder dans les rues parisiennes. Mais qui les porte vraiment ? Eh bien, en grande partie, ce sont les touristes qui les adoptent.

Mais les Français, eux, sont-ils des adeptes du béret ou est-ce juste un autre cliché sorti tout droit d’Emily in Paris ? Pour répondre à ces questions nous avons fait appel à une experte en la matière, Aloïs Guinut, autrice du livre de conseils Dress Like a Parisian et styliste, afin de démêler l’origine de cette association entre béret et capitale de l’amour.

Une réputation tout droit sortie du grand écran

Des années 1930 à ce jour, le béret s’est forgé une réputation tout droit sortie du cinéma, mais son histoire a commencé bien avant, dans les mœurs françaises, loin des caméras. « Les bergers l’ont d’abord porté, ensuite les soldats, les écoliers et puis, les golfeurs, les alpinistes, et les cyclistes l’ont adopté », explique Aloïs Guinut. C’était populaire chez les sportifs, puis ça l’est devenu dans les rues. Le béret est, en effet, devenu un accessoire incontournable de la résistance française dans les années 1940.

De la ville à la campagne, il incarne le style et la tradition. Témoin de l’identité française, il est autant associé à ses racines pyrénéennes qu’à la Seconde Guerre mondiale, où il s’est enraciné comme un symbole fort du Sud-Ouest français. Connu et porté dans tout l’Hexagone, il s’exporte à l’international via le cinéma et la mode. « Gabrielle Chanel est l’une des premières à l’avoir utilisé comme accessoire de mode dans les années 1930 », en tant qu’accessoire de mode pour des personnages féminins tels que Michèle Morgan dans Le Quai des brumes, note Aloïs Guinut.

Michele Morgan dans le film « Le Quai des Brumes ».
Michele Morgan dans le film « Le Quai des Brumes ».  - GINIES/SIPA

Popularisé par les maisons de luxe telles que Chanel, le béret est entré dans le club des éléments purement associés à la France, au même titre que la baguette ou la tour Eiffel. Et dans la capitale, ça se voit ! Les boutiques pour touristes multiplient les couvre-chefs sous toutes les formes et les couleurs. En béret rond ou avec sa petite pointe, en couleur neutre ou rouge, comme les touristes en raffolent, il est même devenu un accessoire qui permet de repérer les touristes selon leur couleur et leur façon de le porter. Et pour preuve, un compte Instagram inspiré de la série Emily in Paris, « UnJourUnBeret », s’est spécialisé dans le partage des bérets rouges croisés dans Paris en une journée. Comme quoi, l’accessoire est un véritable incontournable !

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Aujourd’hui, qui en porte ?

« Il reste des Parisiens qui portent des bérets, j’en vois régulièrement, affirme la styliste Aloïs Guinut. Mais il est vrai que les touristes adorent porter des bérets quand ils viennent à Paris. Donc ça fait que le béret est un peu connoté accessoire de touristes. » Parisienne et adepte du couvre-chef elle-même, elle explique les raisons de son appréciation pour l’accessoire : « C’est de la laine très serrée, donc ça protège de la pluie. Même s’il est petit, il est bien dense, et donc, étanche. » Toujours très présent dans la pop culture, l’ADN de la Parisienne est encore repris dans des séries comme Emily in Paris ou lors de défilés comme lors de la collection Dior de 2017.

Défilé Christian Dior à la fashion week de Paris en 2018.
Défilé Christian Dior à la fashion week de Paris en 2018. - David Fisher

Comme quoi, le mythe du béret a encore de nombreux beaux jours devant lui.