CHEVEUX TEXTURéSFace au manque de formation, des coiffeurs luttent pour le cheveu texturé

Souvent discriminés, les cheveux texturés ont trouvé leurs militants

CHEVEUX TEXTURéSOn a rencontré différents acteurs engagés dans la lutte contre la discrimination capillaire
La discrimination capillaire ne frappe pas uniquement les cheveux texturés
Dora Christian

Dora Christian

L'essentiel

  • Porté par le député Olivier Serva, un projet de loi sur la discrimination capillaire est présenté ce mercredi 27 mars à l'Assemblée nationale.
  • « 20 Minutes » a rencontré des acteurs engagés dans la lutte contre la discrimination capillaire.
  • Par différents moyens, ces professionnels de la coiffure souhaitent donner plus de visibilité aux cheveux frisés, crépus et bouclés.
  • Mais selon Daba Diokhané, les cheveux crépus sont encore trop peu visibles par rapport aux cheveux bouclés.

Edit du 27 mars 2024 à 11h30 : L'article a été mis à jour avec la proposition de loi sur la discrimination capillaire présenté à l'Assemblée nationale le 27 mars.

« Quand je suis passée au naturel, je ne trouvais pas de coiffeurs compétents. Il y avait un manque de savoir-faire alors que 45 % des femmes ont les cheveux texturés en France », lance Daba Diokhané, créatrice de Dioka, un label pour les salons de coiffure dédiés aux cheveux texturés. Ce constat est aussi celui de Kelly Massol, fondatrice de la marque capillaire à succès, Les Secrets de Loly.

« Quand j’ai voulu porter mes cheveux au naturel, je ne trouvais que quelques produits d’import, et encore, qui n’avaient pas une bonne formule. Je devais apprendre par moi-même à formuler mes produits », confie l’entrepreneuse. Afin de changer la vie de tous les autres « compatriotes aux cheveux texturés », différents professionnels de la coiffure ont raconté à 20 Minutes, comment ils luttent contre la discrimination capillaire et le manque de formation sur les cheveux crépus, frisés et bouclés.

« J’avais peur d’aller chez le coiffeur après des mauvaises expériences »

Daba Diokhané raconte qu’il y a peu de salons de coiffure vraiment qualifiés en France, seulement une centaine pour des millions de femmes. À cause de ce manque de formation, cette dernière n’osait plus confier ses cheveux à des professionnels. « J’avais peur d’aller chez le coiffeur après de mauvaises expériences », confie l’entrepreneuse. C’est à la suite de cet événement qu’elle a décidé de créer « Dioka », un label qui fait gage de certification sur le savoir-faire des salons de coiffure pour les cheveux texturés.

Dans le même sens, Salwa Petersen, fondatrice de la marque capillaire éponyme (également dédiée aux cheveux texturés), s’est alliée à Olab, salon crée par le coiffeur parisien Olivier Lebrun. Ensemble, ils ont mis en place le soin « Hydra curls », spécialement conçu pour tous types de boucles. Une première dans l’établissement du coiffeur qui avait plutôt l’habitude de recevoir une clientèle aux cheveux lisses. « À l’époque on nous parlait trop peu de cheveux texturés. Les coiffeurs ont souvent peur parce qu’ils ne sont pas formés », explique le prioritaire d’Olab, qui s’est lui-même formé directement auprès d’Afro-Américains. Avec la sortie prochaine de ce protocole dans son salon, il invite les autres coiffeurs à « dépasser les appréhensions » qu’ils ont sur le cheveu afro.

« On a la chance de vivre dans une période où, grâce aux réseaux sociaux, on peut se sentir représentés »

Afin de proposer des produits « efficaces » qui répondent vraiment aux problématiques des cheveux texturés, Kelly Massol a créé Les Secrets de Loly, une marque faite « par une personne aux cheveux texturés pour les cheveux texturés ». Un détail important que la jurée de l’émission de M6 « Qui veut être mon associé ? » utilise comme image de marque. C’est en effet ce point qui justifie, voire légitimise, tout son discours d’acceptation de soi et de lutte contre la discrimination capillaire.

Motivée par l’idée de rendre les boucles « mainstream », l’entrepreneuse relaye également des messages militants grâce au mouvement de sa marque : « My hair, my power », en français « mes cheveux, mon pouvoir ». De Beaugrenelle à Opéra, sur les bus parisien traversant les champs-Elysées ou encore les réseaux sociaux, Kelly Massol affiche fièrement des modèles aux différentes boucles sur toutes ses campagnes publicitaires. « My hair, my power, ce n’est pas juste un slogan, c’est le vécu de toutes les personnes qui parlent », affirme-t-elle.

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C’est en partie grâce à cette médiatisation que les cheveux texturés ont gagné en visibilité, comme l’affirme Kelly Massol : « On a la chance de vivre dans une période où, grâce aux réseaux sociaux, on peut se sentir représentés ».

« La tendance des cheveux texturés fait la part belle aux cheveux bouclés mais oublie le cheveu crépu », déplore de son côté Daba Diokhané. Face à ce constat, la créatrice du label Dioka essaie de « rééquilibrer la balance » en mettant l’accent sur le cheveu crépu lors de formations dédiées aux coiffeurs ou en leur offrant plus d’exposition sur ses réseaux sociaux. Des différences marquées, qui montrent que le combat est encore loin d’être fini.