RECYCLAGEEt si vos cosmétiques provenaient de vos déchets ?

Gaspillage alimentaire : Comment les marques créent des produits de beauté à partir de nos déchets

RECYCLAGEPour lutter contre le gaspillage, des marques de cosmétiques commencent à lorgner du côté des poubelles de l’industrie agroalimentaire
Les déchets sont aujourd'hui revalorisés pour le développement des cosmétiques de demain.
Les déchets sont aujourd'hui revalorisés pour le développement des cosmétiques de demain. - Photographie Ivan Bajic
20 Minutes avec agences

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«Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Et c’est aussi valable pour les épluchures de tomates, les grignons d’olive, ou les écorces de clémentine… L’industrie de la beauté se réinvente pour faire du neuf avec les déchets, celui qui est destiné à être enfoui ou brûlé au détriment de l’environnement. Initiative qui vise non seulement à recourir à des ressources déjà existantes, mais aussi à lutter contre le gaspillage alimentaire et les déchets en tout genre qui pullulent aux quatre coins du monde.

Des cosmétiques à base de ketchup et jus de mandarine

La marque de beauté My Skin Feels se concentre essentiellement sur des ingrédients biologiques issus des industries de l’alimentation et de la boisson, qui auraient été jetés à la poubelle. Ce qui rend chaque crème hydratante ou nettoyant pour le visage unique, et parfois même insolite.

Pour ses produits phares, la marque a misé sur les déchets de jus de mandarine, indiquant que huit kilos de déchets équivalent à un litre d’ingrédients, et précisant ne pas ajouter d’eau à ses produits. Mais ce n’est pas tout, puisque My Skin Feels a également intégré des peaux de tomates italiennes provenant tout droit des déchets du ketchup, bourrées d’antioxydants, des déchets d’avoine, connu pour ses vertus apaisantes, ainsi que des déchets issus de la fabrication d’huile d’olive, elle aussi réputée pour ses propriétés antioxydantes. Un pari fou au premier abord, qui devrait pourtant inspirer bien des acteurs de la cosmétique tant le potentiel des déchets semble illimité.



Des déchets en bouteille

Le Royaume-Uni semble bien en avance en matière de transformation des déchets en nouvelles ressources. La preuve avec la marque britannique UpCircle Beauty qui se tourne elle aussi essentiellement vers des ingrédients voués à être jetés. Déchets de jus de myrtille, noyaux de datte, tiges de camomille, épices mises au rebut, ou encore noyaux d’olive constituent partie ou totalité des ingrédients de ses produits emblématiques. Une marque fondée bien avant la pandémie, en 2016, qui propose aujourd’hui des dizaines de références.

Mais la France n’est pas en reste, comme en témoigne le succès de la marque Cultiv qui revalorise les déchets de l’agriculture française et biologique, et notamment les fameux légumes moches dont personne ou presque ne veut. Cultiv élabore des cosmétiques à base de betteraves, épinards, chicorée sauvage, lin, ou seigle, pour le respect de la santé humaine et de la planète.

Le secteur du parfum s’y met aussi

Mais les soins visage et corps ne sont pas les seuls à profiter des vertus des déchets de l’agroalimentaire, l’industrie de la parfumerie s’y intéresse également de près. C’est le cas du groupe familial TechnicoFlor, spécialisé dans la création et la fabrication de compositions aromatiques pour les industries de la parfumerie et de la cosmétique, qui a développé toute une collection de parfums upcyclés. Lie de vin blanche récupérée à partir du dépôt généré pendant la période de vieillissement en fût de vin, déchets de l’ébénisterie, écorces de clémentine, cabosses, ou encore résidus de fraise gariguette entrent dans la composition de ces fragrances conçues grâce aux rebuts de l’industrie agroalimentaire. Autant d’initiatives qui montrent que certains secteurs ont tout à gagner à revaloriser les déchets, responsables aujourd’hui de la pollution des sols et des océans.