C'est une coutume qui a su se faire une place de choix dans les foyers français : déguster des crêpes à l'occasion de la Chandeleur, chaque 2 février, 40 jours après Noël. Une date symbolique, marquée par un événement significatif dans la tradition liturgique. Elle manifeste la commémoration de la Présentation de Jésus au Temple à Jérusalem. Marie et Joseph, respectant une coutume hébraïque, introduisent leur fils 40 jours après sa naissance. Mais quel est le lien avec les crêpes ?

L'origine de la Chandeleur, célébration de la Lumière

La Chandeleur, à l'origine « fête des chandelles », est au carrefour de plusieurs traditions. Instaurée par le pape Gélase Ier au Ve siècle, elle a été marquée par des processions aux chandelles le 2 février. On raconte que le pape offrait des crêpes aux pèlerins à Rome ce jour-là.

Ce sont les fêtes païennes qui auraient aussi intronisé... les crêpes. Elle a longtemps célébré l'allongement des jours après le solstice d'hiver. Pour marquer la fin de l'année, les cierges s'allumaient à minuit et les galettes de céréales étaient invitées sur les tables des familles, invoquant ainsi le retour du Soleil. Avec leur forme ronde et leur teinte dorée, galettes et crêpes évoquaient ce dernier.

Des crêpes qui ont traversé les générations

La tradition des chandelles s'est éteinte, mais celle des crêpes perdure. Comme d'autres délices de Mardi gras ou de la Mi-Carême, les crêpes ont continué de « symboliser le printemps », selon les dires de l’historienne Nadine Crétin, auprès de Ouest-France. Pour les familles de fermiers, « la Chandeleur était une période qui symbolisait la fin de la saison stérile qui est l’hiver », a précisé l'experte. Le souhait de ces foyers ? De l'abondance pour les récoltes à venir.

Une fête marquée par des rites bien précis

Pour attirer la prospérité, les foyers faisaient sauter la première crêpe en tenant une pièce dans la main gauche, généralement un Louis d'or, et la poêle dans la droite. Elle devait alors retomber à plat ! Dans certaines régions comme le Sud-Ouest, on lançait même la première crêpe au sommet du buffet ou de l'armoire. On croyait que la laisser là assurait le bonheur familial.

Certaines familles glissaient également la pièce dans une crêpe et plaçaient cette dernière en haut d'un meuble jusqu'à l'année suivante. Toujours selon la tradition, les jeunes filles célibataires devaient faire sauter six crêpes d'affilée et les faire retomber dans la poêle. L'objectif ? Garantir un mariage dans l'année à venir.

Et chez nos voisins ?

Au cœur de ces traditions se niche la fête de l'ours. Dans les régions scandinaves, germaniques et celtes, l'ours était honoré avec ferveur. Le 1er février, période où l'animal émergeait de son sommeil hivernal, les villages se rassemblaient pour une célébration d'envergure. Tous revêtaient des costumes d'ours pour l'occasion. Des rites païens vus d'un mauvais oeil par l'Église. C'est ainsi que la Chandeleur aurait émergé pour éradiquer le culte. Dans les Alpes, les Ardennes, elle a longtemps été surnommée « Chandelours », en souvenir de cette célébration.

Des produits qui embrassent la gourmandise

Autrefois simples mélanges de farine et d'eau, les crêpes se déclinent désormais en une multitude de saveurs. Elles accueillent également bien volontiers sucre, citron, miel, confiture et autres pâtes à tartiner. Des habitudes de consommation que les industriels et distributeurs encouragent à coup de communications et d'opérations ponctuelles. Enfin, si la Chandeleur offre une belle occasion de ravir ses papilles, les crêpes restent les bienvenues tout au long de l'année dans nombre de foyers.