LA GRANDE BOUFFELes tables de Noël de nos régions entre cochons, beurre et fruits secs

Les tables de Noël de nos régions entre cochons, beurre et fruits secs

LA GRANDE BOUFFEA l’approche du plus grand festin de l’année, « 20 Minutes » fait un tour d’horizon des spécialités culinaires locales servies à l’occasion de Noël
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • Les Français ont développé au fil des temps d’innombrables spécialités culinaires
  • Parmi celles-ci, il y en que l’on retrouve presque exclusivement lors de la période de Noël, la plus grande bouffe de l’année.
  • A base de beurre, de chocolat, de cochon ou de fruits, petit tour d’horizon de ces traditions régionales et de leurs origines.

Les Français adorent la bouffe, c’est pas un scoop. En fait tout le monde aime ça, mais peut-être avons-nous juste poussé le vice un peu plus loin. Il n'est donc pas étonnant de constater qu’à l’occasion de la plus grande bouffe de l’année, les Français de toutes régions se sont attachés à développer des aliments pensés pour les fêtes de Noël. Petit tour d’horizon de ces traditions régionales à base de beurre, de porc, de chocolat et de sucre.

En Alsace, les bredele, ou les « petits pains » de Noël

Certes, « petit pain » en Alsace vaut aussi pour les pains au chocolat (ou les chocolatines, on ne fait pas d’histoire ici, c’est bientôt Noël). Mais les bredele sont d’une confection autre. Du sucre (beaucoup), du beurre (beaucoup), de la farine et des œufs pour la pâte qu’on découpe ensuite avec l’aide de moule pour donner aux futurs biscuits des formes de sapins de Noël ou de petits bonshommes. Un petit trou au sommet pour y passer une ficelle et les accrocher au sapin, et le tour est joué. Vous voilà donc avec une réserve de gâteaux suspendus aux branches et prêts à être mangés. Une tradition qui remonte au moins au XIVe siècle, époque à laquelle remonte les plus anciens moules retrouvés par les archéologues, explique un site consacré exclusivement aux bredele.

En Provence, 13 desserts pour une veillée

Le régime méditerranéen est réputé bon pour la santé. Une assertion qui se vérifie à l’énoncé de la composition des 13 desserts provençaux, traditionnellement servis le soir de Noël. Voyez plutôt : des fruits secs, une fougasse à l’huile d’olive et sans beurre (la pompe à huile), du nougat, des dattes, de la pâte de coing et des fruits confits. Selon les foyers, la composition des 13 desserts varie mais se décline toujours autour des aliments cités.

En théorie, cette tradition est héritée de la chrétienté où les 13 desserts figurent la Cène, le dernier repas de Jésus accompagné de ses 12 apôtres. Ainsi, chaque dessert présenté revêt une fonction symbolique : les fruits secs représentent les quatre ordres religieux mendiants, les nougats blanc et noir pour les deux ordres pénitents, les dattes symbolisent l’Orient, région qui a vu naître Jésus, détaille le Département des Bouches-du-Rhône.

Aux Antilles, le cochon est le roi de la fête

« Chaque cochon a son Noël pour mourir (Chak kochon ni nwèl a-yo) », dit le proverbe créole. En boudin, en jambon, caramélisé à l’ananas ou accompagné d’une sauce chien, dans l’arc antillais français (Guadeloupe, Martinique), le cochon est bien le roi des tables de Noël. Traditionnellement, le cochon servi le soir de Noël avait été engraissé toute l’année, notamment avec des fruits locaux comme la banane ou la goyave.

On doit l’origine de cet aliment star des tables antillaises aux Anglais, qui importait chaque fin d’année depuis leurs territoires américains des jambons fumés dans leurs colonies des Caraïbes, précise FranceAntilles.

Dans le Nord, des coquilles (mais pas de Saint-Jacques)

On appelle ça une coquille, mais il s’agit d’une brioche, et non d’un fruit de mer. Dans le Nord, les coquilles sont une préparation à base de sucre, de farine et de beurre dans laquelle on peut incorporer des raisins secs, des pépites de chocolat ou des grains de sucre, expliquait déjà à 20 Minutes, Isabelle Duvivier, une rédactrice passionnée par les traditions régionales.

Cette brioche, distribuée aux enfants le matin du 25, prend la forme symbolique d’un bébé emmailloté et est supposé rappeler Jésus, ce qui lui vaut le surnom de pain de Jésus (rien à voir donc, avec le saucisson lyonnais).

Dans le Rhône, des papillotes aux mots doux

Voilà sans doute la tradition culinaire régionale de Noël qui a le plus essaimé en France. Une fierté de plus à ajouter pour la cuisine lyonnaise. Les papillotes, ces petites douceurs chocolatées sont incontournables des fêtes de fin d’année. Généralement enveloppées dans un papier doré ou argenté, elles sont accompagnées d’un mot doux ou d’un proverbe.

On devrait cette délicate attention à un commis pâtissier de la fin du XVIIIe siècle qui, enamouré d’une jeune femme, entreprit de lui faire passer ses sentiments par l’intermédiaire de petits mots glissés dans des emballages de chocolats. Un concept repris par son patron, un certain « Sieur Papillot ». Une histoire dont la véracité est douteuse mais n’en reste pas moins touchante.