Une nouvelle huile de palme sans palme, mais issue du colza et du lin
BON GRAS•Des chercheurs écossais ont mis au point une alternative à l’huile de palme20 Minutes avec agences
L’huile de palme représente 40 % des huiles produites et consommées dans le monde. On la trouve partout, dans l’alimentation (chips, pâte à tartiner) comme dans les cosmétiques (déodorant, dentifrice). Il faut dire que l’huile de palme ne manque pas d’atouts : une texture lisse, une odeur neutre, la capacité d’être un conservateur naturel, un coût modique à la fabrication… Mais aussi un enchaînement d’inconvénients, liés à la déforestation que sa production induit.
Entre 2011 et 2013, les planteurs de palmiers à huile auraient brûlé six millions d’hectares de forêt, rapporte le National Geographic. Essentiellement en Malaisie et en Indonésie (85 % de la production mondiale selon WWF). Cela représente l’équivalent de la surface de l’Irlande.
Une catastrophe écologique
Pour cultiver ces espèces végétales, on a en effet besoin de défricher le terrain forestier pour lui attribuer une nouvelle fonction afin de mettre en place une nouvelle culture. Non seulement ces fumées de feux denses brouillent la vue des pilotes d’avion qui souhaitent se poser à Bornéo, mais qui plus est cette déforestation détruit l’habitat ainsi que la ressource alimentaire d’animaux comme les orangs-outangs.
Outre la pollution des sols, la culture du palmier à huile réduit de 90 % au minimum le taux de biodiversité par rapport à une forêt tropicale primaire, selon le Fonds mondial pour la nature. Elle grignote par exemple l’espace de vie des éléphants, des rhinocéros ou encore des tigres. Les conséquences concernent aussi l’augmentation des gaz à effet de serre ; la déforestation serait responsable de 15 à 20 % de l’ensemble des émissions humaines de gaz à effet de serre.
Une alternative venue du lin
Voilà autant de bonnes raisons pour les chercheurs écossais de l’Université Queen Margaret d’Edimbourg de plancher sur une alternative plus écologique, mais aussi plus saine pour la santé. D’après un communiqué, ils y seraient parvenus sans même utiliser ni arôme ni conservateur chimique, ou encore moins de noix de coco que l’on envisage souvent comme une alternative aux huiles plus usuelles.
La « recette » est obtenue à partir des déchets générés par l’industrie du lin. Les scientifiques y ont ajouté aussi de l’huile de colza ainsi que des fibres naturelles. Le résultat ressemble à une sorte de mayonnaise. On l’a appelé « palm-alt », diminutif anglo-saxon pour désigner une alternative à l’huile de palme.
Fermentation de déchets alimentaires à l’essai
Ce n’est pas la première fois que des scientifiques se penchent sur la question de l’huile de palme pour lui trouver un pendant éthiquement plus acceptable. En début d’année, la start-up C16 Biosciences a dévoilé un processus de fermentation de déchets alimentaires pour en extraire un liquide qui serait capable de remplacer l’huile de palme.
L’entreprise new-yorkaise avait baptisé sa trouvaille « palmless », misant sur le concept d’huile de palme… sans huile de palme. Tout reposait en fait sur le principe d’une huile de synthèse obtenue grâce à l’action d’une souche de levure offrant l’opportunité de lancer ce processus de fermentation. L’affaire est on ne plus sérieuse puisque Bill Gates a investi dans le projet pas moins de vingt millions de dollars.
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