Vacances en France : Viens, je t’emmène découvrir Rennes
NOS RÉGIONS ONT DU TALENT•Loin d'être une ville musée, Rennes est une cité vivante qui s'appréhende avec ses habitants. Suivez les pas de notre journaliste Camille Allain, pour découvrir les bons plans du coin.
Camille Allain
L'essentiel
- Cet été, 20 Minutes limite son bilan carbone et pose ses valises dans nos régions pour faire découvrir leurs nombreux atouts.
- Comment éviter la foule, où manger les spécialités locales, les clichés sur les autochtones… On fait le tour de ces questions avec les mieux placés pour en parler, nos journalistes qui couvrent l’actualité en région.
- Vous avez des infos à ajouter ? Des bons plans à partager avec nos lecteurs en vacances ? Nos commentaires sont ouverts, vous pouvez y laisser vos remarques et compléter celles 100 % subjectives de nos reporters.
C’était en 2010. Camille débarquait à Rennes dans un pluvieux mois de janvier pour un CDD de 3 mois. Voilà treize ans qu'il y vit et y travaille. Pour combien de temps encore ? Peut-être pour toujours. Pour lui qui venait de la rivale nantaise, l’adaptation s’est fait immédiatement tant cette ville vous embrasse et vous enlace. Une capitale à taille humaine dans laquelle on n’a jamais l’impression d’étouffer et que l’on peut facilement parcourir à pied ou à vélo.
Si vous deviez décrire votre ville en quelques phrases…
Rennes, c’est un grand village. En France, elle a un format inédit, peut-être même qu’elle est unique. C’est à la fois une grande ville, la 11e plus importante en termes de population, mais aussi une petite cité. Il n’y a pas à Rennes de ceinture périphérique qui encercle la ville centre, pas de grandes banlieues ou d’immenses zones commerciales pour l’étouffer. Les urbanistes appellent ça un modèle « archipel ». Pour les habitants, cela se traduit par un constat simple : passez la rocade et vous serez souvent au milieu des champs et de la nature. Quelle métropole française peut offrir un tel cadre à 15 minutes de vélo de sa mairie et de son hypercentre ?
Rennes, c’est aussi une porte d’entrée. Elle souffrirait presque de l’exceptionnel cadre offert par la Bretagne. Dans un rayon de 100 km, vous pourrez marcher sur les remparts de Saint-Malo, naviguer dans le golfe du Morbihan ou rêvasser dans la forêt de Brocéliande. Rennes est un peu à l’image de tout ça. Elle est à la fois timide et extravertie, jeune fougueuse et vieille bourgeoise, historique et moderne. On y mélange un côté punk de gauche et une tradition catholique centriste. Ceux-là se croisent parfois le dimanche matin quand certains rentrent de soirée et que les autres vont à la messe.
Quel est le lieu à ne pas manquer ?
On ne peut pas passer à côté d’une virée au parc du Thabor. Il est situé à deux pas du centre sur la seule petite colline de la ville et offre un cadre de verdure incroyable. On y croise beaucoup de familles mais aussi bon nombre d’étudiants qui viennent profiter de la douceur des pelouses. Les arbres ici sont centenaires et majestueux. C’est un peu le jardin des plantes que Rennes n’a pas. Il ne faut pas hésiter à sortir du parc pour se perdre dans les rues adjacentes. C’est ici que l’on trouve les plus belles maisons bourgeoises de Rennes. Des biens qui se monnayent aujourd’hui à coups de millions d’euros mais ça vaut le coup d’œil. Juste à côté, l’architecture du lycée Saint-Vincent est aussi une curiosité.
Quel est le quartier incontournable ?
Le centre historique, sans hésiter. Rennes n’est pas une ville-musée, elle est d’ailleurs assez pauvre sur ce plan. C’est une ville à vivre, une ville dans laquelle il faut se promener sans plan, lâcher son téléphone et rester à l’affût des détails. Ici un reste de mosaïque d’Odorico, là une maison à pan de bois, un peu plus loin une porte rescapée des anciennes fortifications. Le centre historique est la partie la plus ancienne, celle qui a été épargnée par le grand incendie de 1720. Il se visite à pied sans réel itinéraire, en se laissant guider au rythme des pavés, s’autorisant une pause à la terrasse d’un bistrot. Le dimanche, c’est plus calme. Et un peu moins fun du coup.
Le monument historique à voir absolument
Le parlement, évidemment ! Parce qu’il est majestueux mais surtout parce qu’il a une histoire. Le parlement de Bretagne a brûlé en 1994 après une manifestation des pêcheurs. Il a été entièrement restauré et le résultat est somptueux. Poussez les immenses portes en bois et montez jusqu’à la salle des pas perdus. Levez les yeux au ciel et admirez. Le parlement abrite aujourd’hui la cour d’appel et la cour d’assises. Dans la grande salle d’audience, la beauté des décors tranche avec l’atrocité des faits qui y sont jugés. Sachez que la plupart des procès qui s’y tiennent sont ouverts au public. L’occasion de découvrir le déroulement d’un procès dans un cadre historique. Vous pouvez aussi opter pour une visite guidée qui permet de comprendre l’histoire du bâtiment.
Un coin de paradis à l’abri des touristes
L’étang de la Pérelle. Il est situé à cheval sur les communes voisines de Bruz et Saint-Jacques-de-la-Lande. Il est tout proche du chemin de halage qui longe la Vilaine. Très ombragé, c’est un endroit discret idéal pour aller pique-niquer ou bouquiner. Des tables et des transats viennent d’y être aménagés, sans pour autant dénaturer ce lieu si tranquille.
Un endroit pour se mettre au vert
Je ne sais pas s’il existe dans les autres grandes villes françaises un endroit aussi atypique en cœur de ville. Les prairies Saint-Martin ont longtemps accueilli des tanneries et des activités polluantes. Pendant des années, elles ont été laissées à l’abandon et des personnes y ont installé des habitations précaires pendant que d’autres venaient y jardiner. Depuis qu’elle a entrepris d’y faire un parc urbain, la ville a un peu fait « le ménage », pas toujours avec un grand tact d’ailleurs. Mais la municipalité a eu l’intelligence de laisser une grande partie des prairies à leur état sauvage. On peut se perdre en marchant dans de grandes allées arborées puis emmener ses enfants crapahuter sur la grande aire de jeux implantée sur une colline de terres dépolluées. Une transformation en douceur.
Une activité typique des locaux
Jouer au palet ! C’est un peu comme la pétanque à Marseille. Longtemps joué dans les campagnes rennaises, le palet connaît un gros regain de forme auprès des jeunes et moins jeunes. Ici, il se joue avec des palets en fonte que l’on lance sur une planche de bois située à 5 mètres. Pas toujours simple au premier essai mais terriblement addictif. Un inconvénient cependant : la pratique sur bois est relativement bruyante.
Le plat à déguster absolument
Une galette saucisse. What else ? Pas vraiment le plat le plus élaboré de la gastronomie française mais clairement le plus typique. La galette est froide, la saucisse est chaude. Une main pour la manger, l’autre pour tenir son verre. Ça ne coûte pas très cher et ça résume bien l’esprit de camaraderie qui peut régner ici. Un côté kermesse que l’on retrouve bien aux abords du Roazhon Park pour les matchs du Stade Rennais.
Si l’on devait manger dans un seul restaurant
Je vais tenter un coup de cœur très personnel. Je recommande Le Bybloss, un restaurant libanais de la rue de Saint-Malo. C’est un endroit magique pour manger de délicieux mezzés. Le patron est exceptionnel et le personnel toujours bienveillant. Il y a souvent du bruit, les tables sont un peu serrées et parfois un peu d’attente. C’est un lieu de partage, un truc authentique. Du vrai, quoi. Et si jamais c’est votre anniversaire, alors dites-le au patron et vous aurez droit à une surprise dont vous vous souviendrez longtemps.
La boutique à visiter absolument
Pour se ramener un souvenir, je conseille la boutique Made in Frogs, dans la charmante rue du Chapitre. On y trouve des affiches vraiment cool aux couleurs de la ville et de la région qui sont faites par des locaux comme les éditions de l’œil ou la Loutre. Il y a tout un tas d’objets marrants.
Une expression typique à connaître
La langue française offre une incroyable diversité d’expressions pour exprimer la nature de la pluie. A Rennes, on pourra donc parler de crachin, de bruine, de flotte, de drache ou dire qu’il « mouillasse », qu’il « pleuviote », qu’il « sauce » ou qu’il « rince ». Bref, il pleut quoi.
Le cliché vrai sur votre ville ?
La Bretagne est souvent raillée pour sa propension à prendre l’apéro. Rennes n’échappe pas à la règle. S’il ne faut pas généraliser, on peut aisément reconnaître que les bars ne désemplissent pas. Les gens sortent du lundi au dimanche pour partager un ou deux verres. Et parfois plus. C’est aussi ce qui fait le sel de cette ville. Ici, on n’a pas beaucoup de bars « lounge » ou tendance. On leur préfère des tavernes authentiques qui servent des breuvages locaux. Un truc un peu celte.
Et le faux ?
Il ne pleut pas toujours à Rennes. C’est même l’un des endroits de Bretagne où il pleut le moins. Et c’est malheureusement de plus en plus problématique avec le réchauffement climatique car les ressources en eau sont fragiles ici.
Ce qu’il ne faut jamais faire quand on vient ici
Dire que Nantes est en Bretagne ! Ce n’est pas que ce soit mal perçu ou mal vu mais plutôt que cela engage souvent un long débat autour de l’appartenance ou non de la Loire-Atlantique à la Bretagne. Toujours très intéressant mais prévoyez du temps. J’en sais quelque chose puisque l’on me pose souvent la question : « tu es Breton toi ? ». Ce à quoi je réponds. « Je ne sais pas, je suis né à Saint-Nazaire. C’est la Bretagne pour toi ? ». Vous pouvez aussi essayer la variante normande : « Le mont Saint-Michel est en Bretagne ».
L’info insolite à connaître sur la destination
Rennes a longtemps été la plus petite ville du monde à être dotée d’un métro. Quand elle a été inaugurée en 2002, la première ligne faisait la fierté de toute la ville. D’autant plus qu’elle était automatisée et qu’il n’y avait donc aucun « pilote » dans le métro. Depuis Rennes a été rattrapée par Lausanne, en Suisse et Brescia, en Italie. Mais elle est depuis quelques mois la plus petite ville du monde à avoir deux lignes !
Autre petite précision. Rennes a longtemps été appelée Condate. Un mot qui veut dire confluence en gaulois. La capitale bretonne est à la confluence de deux cours d’eau : l’Ille (avec deux L !) et la Vilaine. Ce qui donne son nom au département d’Ille-et-Vilaine.
L’objet à rapporter dans sa valise
Un truc avec du beurre dedans. Au choix : un kouign-amann de chez Coupel ou Le Daniel, des biscuits, un gâteau breton, un far, un flan, des palets. Et une bouteille de bière de la brasserie Skumenn pour s’hydrater.