Avec les Déferlantes, les Pyrénées-Orientales sont devenues « une destination musicale »
FESTIVAL•L’événement accueille David Guetta, Rosalia, Indochine, Sting ou Lomepal jusqu’à dimanche dans les jardins du Lydia, au BarcarèsNicolas Bonzom
L'essentiel
- Chaque année, les Déferlantes affichent une impressionnante programmation. Cette année, les jardins du Lydia accueillent, jusqu’à dimanche, David Guetta, Sting, Damso, Bigflo et Oli, Indochine, Lomepal, Louise Attaque ou Rosalia.
- Avant eux, Deep Purple, Elton John, Lenny Kravitz, Ben Harper ou Iggy Pop ont déjà enflammé les Déferlantes, depuis la création du festival, en 2007.
- « Mon idée était que les habitants de notre territoire, où il n’y a ni Zénith, ni Arena, ne fassent pas 300 km pour un festival », confie son créateur, David Garcia.
Le line-up des Déferlantes ne déçoit jamais. Chaque année, le festival catalan affiche une impressionnante programmation, qui en fait l’un des rendez-vous incontournables de l’été dans le sud de la France. Jusqu’à dimanche, au Barcarès (Pyrénées-Orientales), David Guetta, Sting, Phoenix, Damso, Bigflo et Oli, Indochine, Lomepal, Rosalia, Soprano ou Scorpions se succéderont dans les jardins du Lydia, au Barcarès. Et ce n’est même pas le quart de la moitié du menu. Avant ces monstres de l’industrie musicale, Deep Purple, Joe Cocker, Texas, Elton John, Lenny Kravitz, Ben Harper, Iggy Pop, IAM, NTM ou Martin Solveig ont déjà enflammé les Déferlantes, depuis la création du festival, en 2007.
« C’est un pari à chaque fois, confie David Garcia, le fondateur des Déferlantes. On saute de l’avion, chaque été, et on attend de voir. » Les festoches, David Garcia connaît ça par cœur. Il a commencé à en organiser très jeune, alors qu’il n’avait que 17 ans. « C’était à Thuir, en 1993, raconte-t-il. C’était un festival ska. On m’a fait confiance ! La ville m’a prêté une salle, et on est allé chercher le matériel à droite, à gauche. On collait des affiches, la nuit. Et j’appelais les managers des artistes dans une cabine téléphonique à pièces, le soir. Parce qu’ils étaient électriciens la journée, et n’étaient disponibles qu’après leur boulot ! »
Encore adolescent, David Garcia booke La Ruda ou Crazy Skankers, égéries de la scène rock alternative, à l’époque. « Il n’y avait pas de billetterie, poursuit le producteur. On mettait quelqu’un à un rond-point, un peu plus loin, pour savoir s’il allait y avoir du monde, ou pas. Rapidement, on s’est fait déborder, on avait 1.000, 1.500 personnes… »
« L’idée, c’était que les habitants fassent pas 300 km pour aller à un festival »
Le jeune apprenti en électronique, qui installait « des autoradios dans les bagnoles », se convainc alors très vite que c’est ça, qu’il l’anime. Il veut monter des festivals. Avec les Kargol’s, un groupe de Perpignan, pilier de la scène ska dans les années 1990, il se fait la main, en organisant des tas d’événements. « On a un peu gueulé, à l’époque, pour qu’il y ait, enfin, une salle de concerts à Perpignan, se souvient-il. Le Mediator a fini par être créé. Et j’ai fini par y bosser, en tant que programmateur, entre 1998 et 2006. »
Quand David Garcia quitte le Mediator, le château de Valmy, érigé un siècle plus tôt à Argelès-sur-Mer par la famille Bardou, qui a créé les papiers à cigarettes Job, s’ouvre aux événements. David Garcia y voit alors une formidable opportunité de créer dans sa région, enfin, un festival de la trempe des grands rendez-vous de l’été en France. Il monte la Frontera Production, et crée les Déferlantes. En 2007, la première édition, parrainée par Cali, invite DJ Zebra, Tété, Sergent Garcia, Sanseverino et le Buena Vista Social Club. « Mon idée, c’était que les habitants de notre territoire, où il n’y a ni Zénith, ni Arena, ne fassent pas 300 km pour aller à un festival, confie David Garcia. Je voulais que notre territoire devienne, aussi, une destination musicale, pas seulement touristique. »
« Il y a toutes les générations aux Déferlantes »
Tout de suite, il façonne un événement éclectique. Aux Déferlantes, on applaudit autant David Guetta que Patrick Bruel, Damso ou Elton John. « Il y a toutes les générations aux Déferlantes », note son fondateur. Et tous les styles. Car comme tout le monde, on peut tout être à la fois, poursuit-il. « Moi, je peux être reggae pendant un mois, et n’écouter que ça, puis Serge Gainsbourg, etc. Aux Déferlantes, c’est la même chose. On peut commencer la soirée en écoutant de la pop, puis finir avec du metal ou de l’electro. »
Rapidement, la Frontera Production parvient à faire monter sur la scène du festival les plus gros artistes. « J’avais quinze ans d’expérience, huit ans de Mediator… Les producteurs, les tourneurs, pour la plupart, c’étaient des amis, de longue date, poursuit David Garcia. Il y avait un rapport de confiance, qui s’était instauré. » Le public déboule, tout de suite, en masse, aux Déferlantes. Pour le gamin qui avait auto-produit son premier festival à Thuir, une dizaine d’années plus tôt, le pari est réussi. « C’est sûr que le jour où tu as, le même soir, Iggy Pop et Patti Smith [en 2010], alors qu’ils n’avaient joué ensemble, sourit David Garcia. Arcade Fire, tout le monde se battait pour les avoir en Europe, on les a eus [en 2011]. » Aux Déferlantes, « les familles se retrouvent pour un moment assez miraculeux, où elles se disent "Mais comment fait-on pour avoir tous ces artistes internationaux qui viennent nous voir ?" », confiait Cali, en 2015, à RTL2.
« Quand les gens critiquent, c’est qu’ils aiment, aussi »
Les impressionnants moyens techniques mis en œuvre, la renommée internationale du festival, l’expertise de son équipe et les écrins, toujours plus prestigieux, qu’elle a choisis, ont convaincu, chaque année, depuis 2007, les plus gros vendeurs de disques de passer par les Pyrénées-Orientales. Cette année, c’est dans les jardins du Lydia, le célèbre paquebot ensablé du Barcarès, qui accueille le barnum des Déferlantes. Plusieurs dizaines de milliers de festivaliers sont attendues, jusqu’à dimanche, au bord de la mer.
NOTRE DOSSIER SUR LES FESTIVALS
Un lieu « phénoménal », « les pieds dans l’eau ». Un lieu déniché à la hâte, où David Garcia espère rester longtemps. Car il y a quelques mois encore, c’est à Perpignan, aux abords du Parc Expo que le festival devait se tenir. Mais il a dû déménager. Refusant de se produire dans une ville dirigée par un maire RN (Louis Aliot), Indochine et Louise Attaque ont menacé de retirer les Déferlantes de leur tournée estivale. De nombreux fidèles ont, aussi, déploré que leur festival fétiche pose ses scènes dans un lieu aussi terne. « Rien ne sera jamais parfait, confie David Garcia. On a su réagir rapidement. Il ne faut jamais laisser pourrir une situation, il faut prendre les devants. Il y a des gens malveillants, bien sûr. Mais quand les gens critiquent, c’est qu’ils aiment, aussi. »